L'Union européenne (UE) a annoncé, aujourd'hui, une stratégie pour l'intégration du Maghreb axée sur le renforcement du dialogue politique, le renforcement des initiatives régionales et la coopération sectorielle.
Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles.
La Commission européenne et la Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères Catherine Ashton ont publié, aujourd'hui, une communication conjointe avec une série de propositions pour l'intégration au Maghreb et un renforcement des relations entre l'UE et le Maghreb.
L'expérience européenne en partage
Face au constat du non-Maghreb, qui outre la dimension politique, fait perdre selon plusieurs études au minimum 1 à 2% du Pin par an, l'UE veut réagir et propose son expérience pour favoriser la croissance économique, le règlement des différends politiques, et ainsi faire face aux problèmes communs de la région (création d'emplois, menace terroriste, désertification, changement climatique...).
Le Maghreb, qui est une des régions les moins intégrées du monde, devra tôt ou tard mettre en œuvre son intégration régionale. Cela exige des efforts d'adaptation, qui permettront de procurer in fine d'importants bénéfices pour toute la région, et aussi pour l'UE.
La stratégie de l'UE pour l'intégration du Maghreb se veut ambitieuse. Elle est axée sur le renforcement du dialogue politique dans différents domaines avec une priorité pour trois secteurs: la démocratisation et le respect des droits de l'homme; le renforcement des initiatives régionales du type «5+5»; une coopération sectorielle (transports, énergie, environnement...)
La communication pointe l'exemple de «la coopération énergétique: un domaine où l'intégration maghrébine pourrait avoir des bénéfices à la fois pour les pays partenaires et, à plus long terme, pour l'Union européenne en ouvrant la voie à l'exportation d'électricité d'origine renouvelable du Maghreb vers l'UE». Pour ce faire, l'UE propose «un soutien concret aux pays maghrébins pour construire ce marché commun électrique».
Un Maghreb plus uni, facteur de paix et de prospérité
L'UE est aussi disposée à apporter son soutien pour le développement des réseaux d'organisations non étatiques, comme celles réunissant les hommes d'affaires et les syndicalistes. Dans ce contexte, on notera l'annonce cette semaine à Tunis de la création de la Chambre pour le développement des relations euromaghrébines (Cdrem), qui se veut un trait d'union entre les deux rives de la Méditerranée.
Pour Stefan Füle, le Commissaire européen à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage, «le Maghreb est une région importante pour l'UE, c'est une région avec beaucoup de potentiels. Le renforcement de la coopération régionale au Maghreb permettra de mieux faire face aux défis actuels (...), un Maghreb plus uni sera un facteur de paix et de prospérité. Mais c'est aux pays du Maghreb de donner le signal, de montrer qu'ils veulent progresser plus vite dans l'intégration régionale. L'UE souhaite apporter son expérience dans un esprit de solidarité».
Face aux nombreux défis du Maghreb (démocratiques, sociaux, environnementaux...), l'UE souhaite donc mettre en place une nouvelle dynamique dans la coopération régionale des pays maghrébins dans un premier temps mais aussi un renforcement de la coopération du Maghreb avec l'UE. L'approche de Bruxelles se veut concertée et un débat à plusieurs niveaux aura lieu pour débattre des multiples propositions avec les différents partenaires des deux rives de la Méditerranée.
En attendant, les propositions européennes peuvent sembler un peu optimistes dans la mesure où le sommet de l'Union du Maghreb arabe (Uma) qui devait initialement avoir lieu à Tunis en octobre dernier, a été reporté dans un premier temps au mois de décembre avant d'être une nouvelle fois reportée sine die faute de consensus de l'axe Alger-Rabat sur le dossier du Sahara-Occidental et de la réouverture des frontières entre les deux pays.