Tunisie : La violence politique arrêtera-t-elle Nida Tounes?

L'attaque, dont le meeting du parti Nida Tounes a été la cible, samedi après-midi à Djerba, par des milices proches d'Ennahdha (au pouvoir) confirme le recours de ce parti à la violence pour intimider ses adversaires.

Par Zohra Abid

Le ministre de l'Intérieur Ali Lârayedh ne répondant pas au téléphone, les dirigeants de Nida Tounes, encerclés dans une salle d'hôtel à Djerba par des foules hostiles, ont dû appeler au secours la présidence de la république.

C'est sur l'intervention du président de la république Moncef Marzouki que des renforts sécuritaires sont venus, deux heures et demie après le début de l'attaque, au secours des dirigeants de Nida Tounes (Béji Caïd Essebsi, Ridha Belhaj, Khemaïes Ksila, Bochra Bel Haj Hmida...) et leurs invités (Nejib Chebbi et Saïd Aïdi du Parti républicain, l'ex-gouverneur de la Banque Centrale Mustapha Kamel Ennabli, ainsi que les militants du parti à Djerba et dans toute la région du sud-est), qui étaient enfermés dans la salle du meeting. Ils sont actuellement en train d'être évacués par petits groupes sous la protection des forces de sécurité venues en renfort.

Qui veut arrêter Nida Tounes?

Le meeting a démarré vers 15 heures, un groupe d'individus appartenant aux soi-disant «Ligues de la protection de la révolution», en fait des milices du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir), ont investi la salle, coupé la lumière et saccagé les équipements de sonorisation avant de s'attaquer avec des bâtons et des barres de fer les participants au meeting.

La police, informée de cette mobilisation hostile, était censée garder les lieux où allait se dérouler le meeting. Elle a finalement laissé faire les assaillants, avant de faire semblant d'intervenir pour essayer de les tenir à distance de l'hôtel.

La «séquestration», car il s'agit bien de cela, a duré près de 2H30 avant l'arrivée des renforts.

Dans une première réaction, l'ancien Premier ministre et leader de Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi, a déclaré: «Dans ma longue carrière politique, je n'ai jamais vécu une chose pareille. Ennahdha est devenu vraiment dangereux».

Caïd Essebsi, l'homme à abattre?

Tous les dirigeants présents à Djerba, joints par téléphone par Kapitalis, sont unanimes: «Cette attaque a été menée par quelques centaines d'individus membres des Ligues de la protection de la révolution amenés par bus entiers de plusieurs régions du pays à l'instigation des dirigeants d'Ennahdha».

Cette attaque intervient le jour même de la publication d'un sondage Sigma, qui met Nida Tounes en seconde position en terme d'intention de vote derrière Ennahdha, avec respectivement, 36% et 41,4%, et Béji Caïd Essebsi, en tête des personnalités politiques les plus populaires en Tunisie, avec 24,2% d'intention de vote, loin devant le chef du gouvernement, le Nahdhaoui Hamadi Jebali (13,9%).

Ceci explique-t-il cela?