Le secrétaire d'Etat chargé de l'Emmigration et des Tunisiens à l'étranger organise un colloque sur l'immigration, aujourd'hui et demain en France. En excluant les représentants de l'immigration dans ce pays.
Houcine Jaziri aime les monologues, où il parle et s'entend parler. La preuve : son département organise, mercredi et jeudi, en France, un colloque sur les objectifs de l'immigration sans prendre le soin d'inviter les associations tunisiennes de l'immigration en France. Si ce n'est pas l'exclusion, cela lui ressemble beaucoup.
Dans un communiqué, diffusé mercredi, la Coordination provisoire des associations de l'immigration exprime sa «stupeur» de voir l'État tunisien organiser ledit colloque en l'absence des associations concernées.
«Bien que saisie de deux télégrammes de questionnement sur cette éviction par 8 associations démocratique de l'immigration (Atf, Remcc, Mctf, Ftcr, Aidda, Collectif 3C et Utit), le secrétariat d'État n'a pas jugé utile de changer de position, préférant persister dans un refus regrettable», note la Coordination dans son communiqué. Elle ajoute: «Cette étrange conception de la démocratie et des relations avec le mouvement associatif divisant les Tunisiens en deux catégories inégales, ceux de l'intérieur et ceux de l'extérieur que l'on néglige, est préjudiciable à l'ancrage d'un véritable échange sur des sujets importants concernant près de 12% du peuple tunisien. La démocratie n'avance pas sans les concernés.»
La Coordination regroupe des dizaines d'associations qui militent dans 6 pays et certaines depuis 38 ans. «Comment parler des problèmes des immigrés en ignorant leurs associations qui ont toujours évoqué les vrais questions loin de toutes surenchères électoralistes et pointé les insuffisances et les graves déséquilibres», indique aussi le communiqué. Qui déplore cette nouvelle occasion ratée pour un «échange honorable» et émet des doutes quant au «contenu des travaux de ce colloque.»
M. Jaziri fait aujourd'hui exactement comme les ministres de Ben Ali : il organise les réunions et les colloques avec les seules associations proches de son parti politique, Ennahdha en l'occurrence.
Qui a dit que la dictature n'est pas de retour en Tunisie?
I. B.