Tunisie : L’«affaire Sheraton» continue de faire des vagues Le parquet a ordonné, mercredi, l'ouverture d'une enquête sur les révélations de la bloggeuse Ofla Riahi, faisant état de présomptions de malversation et de gaspillage des deniers publics par le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem.

Selon le ministère de la Justice, le ministre des Affaires étrangères a déposé, à son tour, une plainte contre la bloggeuse et entend la faire poursuive en justice pour les accusations portées contre lui.

Des plaintes en série

Me Fathi Laâyouni avait indiqué, lundi, à l'agence Tap, que le ministère des Affaires étrangères l'avait chargé avec d'autres avocats, de porter plainte auprès du procureur de la république près le tribunal de première instance de Tunis, contre la bloggeuse Olfa Riahi pour «informations infondées et visant à porter atteinte au ministre des Affaires étrangères et aux institutions de l'Etat».

De son côté, Me Charfeddine Kellil, a affirmé, mercredi, que le «Groupe des 25» (avocats), dont il est membre, a décidé de déposer une plainte contre le ministre des Affaires étrangères en vertu de l'article 96 du code pénal qui sanctionne «tout fonctionnaire ou assimilé qui use de sa qualité pour se procureur à lui même un avantage injustifié».

La plainte sera déposée dans une semaine au plus tard «quelle que soit la position du ministère public», a avancé Me Kellil, ajoutant qu'il presque «certain» que le ministère public n'engagera pas de poursuites «parce qu'il est sous l'emprise du ministre de la Justice».

Pour sa part, l'Association tunisienne pour la transparence financière (Attf) a demandé, mercredi, l'ouverture d'une enquête sur les dépenses de séjour du ministre Rafik Abdessalem à l'hôtel Sheraton à Tunis aux frais du ministère, alors qu'il perçoit une indemnité de logement de 600 dinars, exigeant que les résultats de l'enquête soient communiqués à l'opinion publique.

Celle par qui le scandale arrive

L'«affaire Sheraton» a été déclenchée par la blogueuse Olfa Riahi, qui a publié, la semaine écoulée, des informations, appuyées par des documents authentiques, prouvant que M. Abdessalem a «résidé à plusieurs reprises à l'hôtel Sheraton à Tunis aux frais du ministère des Affaires étrangères alors que son domicile personnel est proche de son lieu de travail». Ces révélations ont suscité une grande polémique dans les médias et sur le net.

Le service financier du ministère des Affaires étrangères a affirmé, dans un communiqué, que les dépenses de séjours du ministre dans un hôtel de la capitale aux dates indiquées «sont conformes aux normes de gestion du budget du département».

La présidence du gouvernement avait pour sa part exprimé sa solidarité avec le ministre des Affaires étrangères et avec tous les membres du gouvernement contre «les campagnes de dénigrement et les rumeurs colportées avant l'aboutissement de l'enquête officielle».

I. B. (avec Tap).