Tunisie : Nida Tounes en terrain conquis à Ksar Hellal

Le secrétaire général de Nida Tounes, Taïeb Baccouche, a présidé, samedi, un meeting populaire à Ksar Hellal (littoral centre-est). Pour préparer le terrain à la venue, le 2 mars, du leader du parti, Béji Caïd Essebsi.

Par Zohra Abid

 Depuis la veille, on s'est bien préparé pour que ce premier meeting après celui du 22 décembre à Djerba – où des individus proches d'Ennahdha et le Congrès pour la république (CpR) ramenés par bus entiers des régions voisines, ont pris en otage pendant trois heures plusieurs centaines de personnes, agressant quelques uns et interrompant la rencontre par la violence – soit une réussite sur le plan sécuritaire et ne soit pas interrompu par d'éventuels agresseurs.

Grande mobilisation régionale

Ici, toutes les précautions ont été donc prises pour que ce meeting soit une fête et ne tourne pas au vinaigre par le fait de saboteurs mobilisés par les partis de la «troïka». C'était également un autre défi, pour les organisateurs, après que des partisans d'Ennahdha aient incendié, il y a un peu plus de 2 mois, le bureau de Nida Tounes dans la ville.

Boujemaâ Remili, Bochra Belhaj Hamida et Mahmoud Ben Romdhane..

Boujemaâ Remili, Bochra Belhaj Hamida et Mahmoud Ben Romdhane.

Finalement, le meeting populaire a eu lieu, sans le moindre incident et il a même été couronné de succès, aux dires de la plupart des participants interrogés par Kapitalis.

Le terrain ainsi tâté, tout va bien pour que Béji Caïd Essebsi puisse se rendre prochainement à Ksar Hellal, les yeux fermés, pour célébrer l'anniversaire du premier congrès du Néo-Destour, le 2 mars 1934, par l'ancien président tunisien Habib Bourguiba.

A part le renfort des forces de l'ordre (plus de 200 agents en uniforme et en civil et une forte présence de l'armée) encerclant toutes les issues de la salle Mona Lisa, où s'est tenu le meeting, les villes voisines se sont mobilisées, dès le matin, en envoyant des jeunes pour sécuriser les lieux. Sait-on jamais! D'autres pour jouer les chauffeurs de salle.

Hamadi Redissi et Mondher Belhaj Ali.

Hamadi Redissi et Mondher Belhaj Ali.

«Dorénavant, nous allons compter sur notre propre sécurité et nous n'allons plus nous laisser faire. Le coup de Djerba est encore présent dans notre esprit», raconte Chokri, enseignant, syndicaliste et partisan de Nida Tounes, membre du bureau de Moknine.

Comme Chokri, plusieurs autres partisans sont venus depuis le matin de Djemmal, Lamta, Teboulba, Sayada, Benbla, Bkalta et des autres villes et villages de la région du Sahel.

Une ambiance festive et un bouquet d'hommages

Le discours de Taïeb Baccouche, vers la fin du meeting, n'a duré qu'un quart d'heure. Car, les habitants ont voulu transformer le meeting en une fête avec son lot de chant, de musique, de poésie, de danse, de folklore, une mini-hadhra de près d'une heure et demie, concoctée par Fadhel Jaziri, le scénographe attitré de Nida Tounes.

Un public des grands jours.

Un public des grands jours.

«Le gouvernement a échoué sur tous les plans. S'il veut sauver le pays, il ne doit pas se contenter d'élargir ou de restreindre le nombre de ministres. Il doit plutôt constituer un gouvernement d'union nationale constitué de technocrates pour gérer les affaires urgentes du pays. Pendant que les partis de la troïka ou de l'opposition se concentreront sur leur campagne électorale», a dit Taïeb Baccouche, après avoir rendu hommage aux hommes et femmes de la ville, qui étaient aux premiers rangs pendant le combat contre la colonisation.

M. Baccouche a tenu à expliquer que son parti parie sur l'art et la culture, et c'est pour cette raison que la grande partie du meeting a été dédiée au chant et à la musique. Selon lui, la Tunisie se distingue d'abord par sa culture et son patrimoine, qui doivent être enrichies et non détruits, comme tentent de le faire les ennemis de l'ouverture. Ces derniers – une allusion limpide aux mouvements islamistes et notamment à Ennahdha au pouvoir – cherchent, selon lui, à tirer le pays vers le bas, car ils ne possèdent pas les outils nécessaires pour construire et avancer.

Une mini-hadhra signée Fadhel Jaziri.

Une mini-hadhra signée Fadhel Jaziri.

«Nida Tounes compte sur les compétences. Et pour contrôler les prochaines élections et éviter la fraude, nous sommes en train de former 30.000 cadres que nous placerons dans les bureaux de vote le moment voulu», a-t-il lancé aux présents, qui n'ont cessé de scander les noms de Béji Caïd Essebsi et de Nida Tounes.

Ksar Hellal, ville de tisserands, tournée vers le progrès

Le discours, qui était ponctué de promesses, a été interrompu à plusieurs reprises par l'hymne national. Les présents ont notamment brandi les drapeaux de la Tunisie et ceux aux couleurs de leur parti, en scandant «Ya Beji, ya Beji, ya Beji...», ou encore «Bourguiba, Bourguiba, Bourguiba», «Tounes, un Etat civil», «Non à l'obscurantisme, non aux réactionnaires».

«Nous profitons de ce grand jour pour rendre hommage à tous les martyrs de la révolution. Mais aussi aux militants et martyrs tombés il y a plus de 50 ans, pour que la Tunisie soit libre. Nous pensons notamment à Mohamed Bouzouita, Ahmed Ayed, et surtout El Haj Soua qui, en 1929, a construit à ses propres frais une école primaire et un hôpital. Notre ville a été dotée, dès 1914, de premières usines de tissage. Elle est considérée le vivier de ce secteur qui fait travailler les milliers de personnes et participe au développement économique du pays», a déclaré, dans son mot de bienvenue, Mehdi Meksi, coordinateur de Nida Tounes à Ksar Hellal.

Taïeb Baccouche dans son fief.

Taïeb Baccouche dans son fief.

Kacem Makhlouf, coordinateur régional du parti à Monastir, a, de son côté, remercié ses invités et tous les habitants des villes voisines pour le coup de main donné afin que le meeting réussisse. «Ainsi, tous soudés, nous pouvons compter sur nos partisans dans la région et accueillir tranquillement Béji Caïd Essebsi qui nous adonné rendez-vous ici, le 2 mars prochain», a-t-il conclu.