Tunisie : Pour Noureddine Bhiri, l'indépendance est (presque) un vœu pieuxLe ministre de la Justice Noureddine Bhiri est toujours bon pour faire des diagnostics, mais peu prompt à respecter les principes qu'il énonce magistralement. Chez lui, l'indépendance de la justice est presque un vœu pieux.

 

«La justice n'est toujours pas indépendante et son indépendance n'est pas pour demain, d'autant qu'elle a été soumise, des décennies durant, à d'autres pouvoirs», a-t-il ainsi affirmé, lors d'une séance de questions-réponses à l'Assemblée nationale constituante (Anc), lundi, au Bardo.

«Les forces du pouvoir et les pressions entravent toujours les processus de réforme», a-t-il justifié, ajoutant que la consécration de l'indépendance de la justice ne dépend pas uniquement de la volonté politique, mais doit être accompagnée également par l'indépendance du barreau, des huissiers de justice, des greffiers de justice et des experts.

Dans le même contexte, il s'est déclaré convaincu que «le pouvoir judiciaire doit être totalement indépendant pour construire une démocratie», estimant indispensable d'instituer, «clairement et explicitement», le principe de l'indépendance de la magistrature dans le texte de la nouvelle Constitution pour empêcher toute intervention des pouvoirs exécutif et législatif dans les affaires du pouvoir judiciaire.

«L'indépendance du parquet du ministère de la Justice est une question qui doit être examinée dans le cadre de l'élaboration de l'avant-projet de la nouvelle Constitution», a-t-il ajouté.

«Les tribunaux exercent encore dans des conditions difficiles et obéissent à des lois restrictives qui ont été longtemps utilisées pour bafouer les droits des citoyens», a poursuivi M. Bhiri, toujours bon pour faire des diagnostics, mais peu prompt à respecter les principes qu'il énonce magistralement.

Il attend, cyniquement, l'adoption, dans les plus brefs délais, du projet de loi portant création de l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire avant la poursuite de l'examen de la Constitution.

Par ailleurs, M. B'hiri a affirmé que le mandat du Conseil supérieur de la magistrature – une émanation du système dictatorial de Ben Ali qu'il a lui-même remis en selle – n'est pas encore terminé, précisant que sa dissolution en cette période risque de créer un vide juridique.

D'autre part, le ministre a proposé l'adoption par l'Anc d'un projet de loi portant libération des jeunes arrêtés lors des mouvements de protestation après la révolution.

Il a, également, recommandé la création d'une commission mixte qui regroupe notamment le ministère de la Justice, la Constituante et la Commission de gouvernance et de lutte contre la corruption pour approfondir la réflexion sur les moyens d'assainir l'administration tunisienne et les institutions de l'Etat et de les soumettre au contrôle de l'Assemblée.

I. B. (avec Tap).