Mohamed Abbou et le Congrès pour la République (CpR) abandonnent-il leur projet antérieur d'exclure les ex-Rcdistes et le parti Nida Tounes de toute dynamique de dialogue politique dans le pays?

 La question mérite d'être posée, d'autant que le président de la république provisoire et président d'honneur du CpR s'est fait un devoir de rencontrer, mercredi, parmi les dirigeants politiques reçus au Palais de Carthage, non pas seulement le leader de Nida Tounes, l'ex-Rcdiste Béji Caïd Essebsi, mais aussi l'ex-ministre des Affaires étrangères de Ben Ali et ex-membre du bureau politique du Rcd, Kamel Morjane, actuel leader du parti libéral Al-Moubadara (L'Initiative).

Le secrétaire général du CpR Mohamed Abbou semble tempérer, lui aussi, ses ardeurs «exclusionnistes» vis-à-vis de Nida Tounes et, même, vis-à-vis des ex-Rcdistes.

Dans une déclaration à la presse, mercredi, à l'issue de sa rencontre avec le président de la république provisoire, M. Abbou se s'est pas contenté de souligner la nécessité de fixer une date consensuelle pour les prochaines élections afin d'«apaiser les tensions que connaît le pays» et de «s'engager, devant tous les Tunisiens, à respecter cette date». Il a aussi exprimé le soutien de son parti à l'initiative du président Marzouki d'organiser un dialogue national entre tous les partis politiques. «Il s'agit d'une question urgente et toutes les formations politiques doivent y participer», a-t-il estimé.

«Toutes les formations politiques»? Il s'agit là d'un pléonasme pour dire que son parti n'est plus obnubilé par la perspective d'exclure Nida Tounes de la scène politique.

Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis. Et M. Abbou et les siens sont loin d'être des idiots. Inconstants oui, mais pas idiots. Ils savent que Nida Tounes est une formation politique incontournable sur la scène politique tunisienne et qu'il ne sert à rien de vouloir la contourner.

M. Abbou devient très touchant également quand il parle de dialogue national, avec des trémolos dans la voix, lui dont le parti a boycotté... le «dialogue national» organisé, les 16 et 18 octobre dernier, par l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), exigeant – faut-il le rappeler?–, l'exclusion du parti Nida Tounes de cette initiative qui cherchait à rassembler et à unifier les familles politique autour d'une démarche consensuelle.

Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis. Et tout idiots utiles qu'ils soient, dans leur coalition avec Ennahdha, les Cpristes savent changer d'avis en prenant des postures, soudain, consensualistes et rassembleuses.

I. B.