Le président de la république provisoire a reçu, samedi, au Palais de Carthage, une délégation des Ligues de protection de la révolution, ces milices violentes proches d'Ennahdha.
Moncef Marzouki, qui semble avoir oublié d'avoir appelé lui-même, il y a quelques semaines, à la dissolution de ces Ligues, leur déroule aujourd'hui le tapis rouge et leur offre une tribune. C'est pour le moins déconcertant de la part de ex-défenseur des droits de l'homme qui est en passe de devenir une véritable girouette politique, au service d'une dictature islamiste en marche.
La délégation des Ligues de protection de la révolution, dont de nombreux membres sont des ex-Rcdistes aux prouesses bien documentées, a cru devoir affirmer à l'issue de la rencontre qu'elle a demande «l'accélération de la reddition de comptes aux personnes impliquées dans le dossier des martyrs et blessés de la révolution» et «l'ouverture des affaires de corruption et de détournement des deniers publics».
«Nous ne sommes pas des prêcheurs de la violence et nous sommes confiants en la capacité du peuple tunisien à protéger sa révolution», ont aussi indiqué les membres de la délégation.
«Je traite tous les Tunisiens sur un même pied d'égalité, à condition qu'ils n'aient pas recours à la violence ou imposent leurs opinions par la force», a cru devoir déclarer, comme pour justifier sa proximité avec ces Ligues qui ont assassiné, en octobre, Lotfi Nagdh, militant de Nida Tounes, que «la concrétisation des objectifs de la révolution est une ambition commune qui doit être réalisée sans violer la loi ou recourir à la violence».
On ne tardera pas à vérifier, par les actes et les faits, si sa leçon de morale a bien été reçue...
I. B.