Ennahdha renvoie au 22 janvier l'annonce d'un remaniement ministériel, reporté plusieurs fois depuis août, et dont plus personne n'attend quoi que ce soit de nouveau ou d'intéressant.
Le suspense est, pour ainsi dire, mince et les attentes sont déçues d'avance. Le sujet, rabâché et sans intérêt, n'occupe même plus l'opinion, qui a la tête ailleurs: absence de sécurité, menace terroriste, cherté de la vie, chômage, pauvreté...
Les ministères de souveraineté resteront nahdahouis
Selon le président du Conseil de la Choura d'Ennahdha, Fathi Ayadi, «le remaniement ministériel pourrait être annoncé le 22 janvier courant», ajoutant que «le dernier mot revient au chef du gouvernement provisoire». Ce dernier, on le sait, ne parlera, que lorsque le président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, aura dit son dernier mot.
«La majorité des acteurs politiques avec lesquels Ennahdha a engagé des négociations sont disposés à entrer dans la coalition gouvernementale», a indiqué M. Ayadi, jeudi, à l'agence Tap, en marge de la séance plénière de l'Assemblée nationale constituante (Anc).
Les propositions et réponses devaient être remises au plus tard hier au chef du gouvernement, qui les soumettra à son tour à l'Anc pour approbation, a néanmoins précisé M. Ayadi. Et d'ajouter «les concertations sur le remaniement ministériel sont en phase de finalisation», notant que «Hamadi Jebali a présenté à Ennahdha, au même titre que les autres partis, des suggestions sur les noms proposés».
Fathi Ayadi a, par ailleurs, indiqué que les concertations se poursuivent avec le Parti Républicain et Al-Massar, soulignant que les «conditions posées par le Parti Républicain pour rejoindre l'équipe gouvernementale» n'ont pas eu l'accord de son parti.
«Si le Parti Républicain est prêt à intégrer la coalition gouvernementale, Ennahdha est disposé à lui accorder certains ministères de souveraineté», a-t-il avancé, affirmant toutefois que son parti est attaché aux ministères de souveraineté et à garder le caractère politique de ce gouvernement. «Nous n'accepterons pas d'indépendants technocrates aux ministères de souveraineté», a-t-il insisté.
Ennahdha et ses comparses
Sur un autre plan, Fathi Ayadi a indiqué que plusieurs partis tels le Congrès pour la République (CpR) et Ettakatol appellent à la neutralité des ministères de souveraineté, mais que le «Mouvement Ennahdha tient à ces ministères tout en demeurant convaincu de la nécessité d'apporter des changements à la tête de certains autres ministères».
Commentant les déclarations du porte-parole d'Ettakatol, jeudi matin, sur un éventuel retrait de son parti de la «troïka», M. Ayadi a dit: «Nous connaissons bien Ettakatol et nous savons qu'il fera prévaloir l'intérêt de la Tunisie sur ses intérêts partisans».
Quelqu'un attend-t-il encore sérieusement quelque chose d'un remaniement qui ressemblera davantage à un simple ravalement de façade qu'à un véritable changement de cap. Ennahdha veut continuer à régner avec des comparses soumis à ses ordres, sans agenda ni programme, comme un bateau à la dérive... la république islamique étant au bout du parcours.
I. B. (avec Tap).