Le secrétaire général du Syndicat de l'établissement pénitentiaire, l'homme qui en sait trop sur les dossiers de corruption dans son secteur, est de nouveau convoqué par le juge d'instruction d'El Gorjani, pour lundi 21 janvier à 9 heures. Vidéo.
Walid Zarrouk, démis de ses fonctions depuis la fin de l'année écoulée après avoir passé 14 jours en prison, ignore encore la raison exacte de cette nouvelle convocation de la Brigade criminelle d'El Gorjani. N'empêche qu'il a des soupçons sur ce qui l'attend.
Vendredi matin, il a partagé une vidéo où il s'adresse directement au ministre de la Justice Noureddine Bhiri, lui rappelant qu'il n'a rien à se reprocher. Il a travaillé, il est vrai, dans une institution publique, admet-il, mais il estime avoir les mains propres, ajoutant qu'il était temps que tout le monde soit au service du peuple et non au service du parti unique.
«J'ai travaillé, certes, dans cette institution, mais mon parcours est peut-être bien plus nickel que celui de certains de l'opposition ou d'autres aujourd'hui dans le gouvernement», a-t-il dit à Kapitalis. Et d'ajouter, navré, qu'il a cru un jour en la révolution et en l'assainissement et qu'il s'est dépêché, avec des preuves, pour dénoncer, notamment à travers les médias, certaines personnes et certains dossiers qu'il détenait.
«Au final, je me suis rendu compte que ce n'était pas une révolution, mais une insurrection. Et que la révolution reste encore à faire. N'empêche que je reste confiant en la justice et que j'ai eu l'honneur de dénoncer les corrompus», a précise encore M. Zarrouk.
«Aujourd'hui, j'ai confiance en mon peuple. C'est lui qui gouverne à l'ombre. Rien que sur les réseaux sociaux, où plus rien ne se cache. Malheureusement, ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir n'ont pas tiré des leçons du passé. Pire encore, ils ont repris les mêmes pratiques de l'ancienne dictature. Je lance un appel aux politiques, dans le pouvoir ou dans l'opposition, d'assumer leur responsabilité», a dit M. Zarrouk, qui conseille au ministre de la Justice de mettre fin à ces pratiques qui rappellent aux Tunisiens celles de Ben Ali et qui ne vont lui ramener que de la haine et des ennemis. La preuve : aujourd'hui, il y a de plus en plus de gens en colère contre lui, rien que parce qu'il se montre comme un excellent élève de Ben Ali.
«Tout ce que je sais, c'est que suis convoqué, au lendemain de la découverte d'un trou dans les caisses des prisons. Pour ma part, je ne sais même pas quel crime j'ai commis. Normalement, je dois savoir au moins qui a porté plainte contre moi ou que me reproche-t-on au juste», déplore encore l'homme par qui le scandale arrive.
Z. A.