La situation au Mali est plutôt floue. Est-ce la fin de la guerre? Où sont passés les combattants djihadistes chevronnés? Questions qui restent sans réponse en l'absence d'images et de couverture médiatiques...
Reportage de Mohamed M'Dalla, envoyé spécial à Bamako
Huit jours d'invention sur terre de l'armée française étaient suffisants pour que Gao et Tombouctou soient dans les mains de l'armée malienne et ses alliés, une chute rapide et surprise sans aucune résistance. Seule la région de Kidal sur la frontière avec l'Algérie, reste sous le contrôle des islamistes de Mujao et Ansar Eddin.
Les soldats français avancent sans trouver une réelle résistance.
Tous les chemins mènent à Kidal
Kidal été la première ville du Nord prise par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA: les rebelles touareg) avec la complicité les islamistes de Mujao, ces dernier ont par la suite écarté leurs anciens alliés. Cette région est un point stratégique de tous les trafics vers l'Afrique sub-saharienne. Drogue, armes, tabacs, carburant... Tout passe par cette région. D'où ce conflit aujourd'hui entre le MNLA et Mujao. Car, après tous, aucun de ces groupes ne veut perdre une mine d'or pareille.
Ce dernier fief de résistance, situé à 1.500 km de Bamako, où se sont repliés les groupes djihadistes hostiles à l'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est bombardé depuis quelques jours par l'aviation française qui poursuit pour la troisième semaine son opération «Serval» en absence d'une armée malienne capable de défendre son territoire.
Les soldats africains tardent à se déployer.
Cette opération, qui avait comme objectif de repousser l'avancée des islamistes vers le Sud, a entamé sa troisième semaine en attendant l'entrée sur le terrain des forces de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), surtout les forces tchadiennes réputées pour leur expérience et leur aptitude au combat dans le désert. Plus de 2.000 soldats tchadiens et 500 nigériens sont en ce moment en cours de déploiement à Ouallam au Niger, près de la frontière malienne. Les forces burkinabés sont déjà sur place et assurent la sécurisation du pont-barrage très stratégique de Markela.
Les Maliens de sud s'en prennent aux Arabes
Pour la communauté arabe et aussi les Touarègues, la vie au sud malien devient infernale. Tous Arabe est suspect jusqu'à preuve du contraire. Au cours d'une conférence de presse tenue dimanche dernier, l'Alliance de la communauté arabe du Mali (Al-Carama) a attiré l'attention sur la nécessité d'éviter les risques de bavures à son endroit au cours des opérations militaires pour la libération des régions occupées. Le chef de la communauté arabe a déclaré à plusieurs reprises qu'il appuie «cette guerre menée contre le terrorisme mais elle ne doit pas diviser les Maliens». Plusieurs incidents ont été déclarés par des Ong internationales sur des dépassements de l'armée malienne mais celle-ci nie encore ces comportements qualifiés de «gestes de vengeance».
Cadavre d'un combattant jihadiste dont le véhicule a été bombardé par l'aviation française.
Dans le même sens plusieurs journalistes d'origine arabe, notamment notre équipe, ont eu des problèmes dans leur travail. Après la visite d'un représentant de l'Interpol, des consignes strictes ont été données aux hôtels pour qu'ils déclarent chaque personne étrangère, des contrôles minutieux sont effectués à chaque point de contrôle et il y a même une interdiction de travail dans certain cas. D'ailleurs, la presse malienne mène depuis quelques jours des compagnes haineuses contre des pays arabes qui ne sont pas favorables à l'intervention militaire française, tels que l'Egypte, l'Algérie mais aussi la Tunisie.
A Bamako, des contrôles minutieux sont assurés par des forces de l'armée malienne et la police locale. Rien n'entre et ne sort sans qu'il soit examiné. A l'aéroport de Bamako, le dispositif de sécurité à été renforcé et dans toutes les stations de transport public et privé. Les institutions publiques sont désormais sous un contrôle de l'armée malienne.
Véhicules de combattants détruits détruits par l'aviation française.
Dans le même cadre, une opération d'envergure a permis de perquisitionner plusieurs mosquées de la capitale. Cette opération, selon des sources policières, participe des mesures sécuritaires édictées par les autorités. La perquisition des mosquées a été suivie dans la nuit de samedi à dimanche d'une patrouille d'envergure.
Près de 700 éléments de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale ont sillonné le District de Bamako de minuit à 6 heures du matin. Ils ont interpellé des personnes suspectes, vérifié des identités, contrôlé les papiers de véhicules, de motos.