Imed Daimi Tunisie

Imed Daïmi, le très islamiste chef de cabinet du très laïque président de la république provisoire Moncef Marzouki, n'a pas apprécié l'annonce d'une alliance entre Nida Tounes, Al Massar et Al-Jomhouri. Et pour cause...

Par Imed Bahri

Imed Daïmi a ainsi écrit sur sa page facebook officielle que l'alliance politique et électorale entre Nida Tounes, Al-Massar et Al-Jomhouri, annoncée officiellement mardi, est «une tentative pour faire revivre le front du 13 janvier 2011, qui a donné naissance au premier gouvernement Ghannouchi et peut être résumé ainsi: le Rcd, moins Ben Ali, plus quelques hommes d'affaires craignant pour leurs intérêts, plus des intellectuels engoncés dans leur hostilité idéologique, plus des partis démocratiques qui ont fait prévaloir les intérêts partisans et les calculs électoraux pragmatiques...»

Le «front du 13 janvier 2011»

Revenant sur l'alliance conclue par les trois partis de centre-gauche, M. Daïmi a ajouté: «Ce front peut paraître, au regard des médias, important, intéressant et séduisant, mais il reste fragile en raison de son manque d'homogénéité et de sa dépendance uniquement des intérêts, qui vont finir par entrer en contradiction. Ce qui est certain, c'est que ce front ne résistera pas à une confrontation électorale honnête et transparente face au front du 14 janvier, qui a cru en la capacité de notre peuple de se débarrasser du dictateur, de refuser de tendre la main à son pouvoir pour le sauver le soir de sa chute, et qui refuse aujourd'hui de tendre la main aux résidus de l'ancien régime et regarde l'avenir avec beaucoup d'espoir malgré les difficultés du présent.»

Le très lyrique ami des prédicateurs salafistes wahhabites (il adore leur dérouler le tapis rouge au Palais de Carthage, devenu un antichambre des mouvements extrémistes), notre islamiste infiltré dans l'entourage du très laïque Moncef Marzouki (tout comme plusieurs autres dirigeants du Congrès pour la République, de Sihem Badi à Samir Ben Amor), se prend aujourd'hui, ainsi que ses maîtres d'Ennahdha, pour des «sanîi ethawra», les instigateurs de la révolution, alors qu'ils n'y ont nullement pris part, ayant été tous à l'étranger, au moment de la chute de l'ancien régime. Ils ont, en fait, suivi les événements de la révolution à travers la chaîne Al-Jazira et facebook. Un peu de pudeur monsieur le révolutionnaire de la 25e heure! Vos mensonges ont la vie courte car ils résistent peu à l'épreuve des faits.

«Manque d'homogénéité», dites-vous?

M. Daïmi devient touchant de crédulité quand il pointe le «manque d'homogénéité» de la nouvelle alliance entre Nida Tounes, Al-Massar et Al-Jomhouri, des partis qui ont, pourtant, idéologiquement et politiquement, beaucoup de points en commun, alors que la «troïka» à laquelle M. Daïmi appartient souffre de l'incohérence fondamentale de son attelage contre-nature, un ramassis d'islamistes, de nationalistes arabes, de pseudo laïques, de gauchistes opportunistes sur le retour et de socio-démocrates à la dérive.

Non, vraiment, en matière de «manque d'homogénéité», il est difficile de faire mieux que la «troïka», dont les fissures ont commencé apparaitre quelques semaines seulement après sa constitution. Et qui, aujourd'hui, offre le spectacle navrant de ses profondes divisions.

Le problème que M. Daïmi aurait dû déplorer c'est plutôt l'échec cuisant de la «troïka» dans la gestion des affaires du pays qui a, justement, poussé Nida Tounes, Al-Jomhouri et Al-Massar à créer un front électoral et politique avec pour mission d'essayer de sauver ce qui reste encore à sauver dans le pays.