Ilaf, l'Observatoire national pour la protection du consommateur, vient de déposer une plainte contre Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, pour avoir manqué à son devoir de protéger l'enfance.
La plainte a été déposée, jeudi, auprès du procureur de la république au tribunal de première instance de Tunis.
Les écoles coraniques en question
Selon son président Abdeljelil Dhahri, Ilaf accuse la ministre de «ne pas lutter contre l'implantation d'établissement scolaires et éducatifs intrus à la société tunisienne». «Les écoles coraniques, créées durant la dernière période, menacent l'enfance en Tunisie... car elles ne respectent pas les conventions internationales concernant les droits de l'enfant», a déclaré le président d'Ilaf, qui s'exprimant, lors d'une conférence de presse, vendredi, à Tunis.
Le responsable a dénoncé, par la même occasion, «le lancement d'un marché public de 320.000 dinars pour l'élaboration d'un sondage qui recueille les impressions des Tunisiens sur le rendement de la présidence de la république. Il s'agit d'un gaspillage de l'argent public», a-t-il estimé, faisant savoir que l'observatoire a déjà envoyé des lettres à la présidence du gouvernement et au Conseil supérieur des marchés publics pour attirer leurs attentions et les convaincre de renoncer à cette affaire.
La faillite annoncée des caisses sociales
Evoquant le secteur de la santé publique en Tunisie, le responsable a indiqué qu'une étude d'évaluation des prestations sanitaires, réalisée par l'observatoire en collaboration avec une organisation européenne, a montré que «les caisses sociales sont menacées de faillites en 2014».
Cette étude, dont les résultats seront présentés à fin février 2013, montre aussi que «celles-ci (les caisses sociales) ne seront plus en mesure de payer les retraites et de prendre en charge les dépenses de soins de leurs affiliés», a encore annoncé M. Dhahri.
Evoquant le bilan de l'observatoire, son président a précisé qu'il a déposé, depuis sa création en mai 2011, 37 procès sur des affaires de corruption dans les finances publiques portant, essentiellement, sur «la suppression illégale de 765 millions de dinars (MD) des impôts exigés à des investisseurs». Il s'agit également de procès concernant «l'usage illégal des voitures de service» (46 cas) et la «non-interpellation de nombreux corrompus».
L'appauvrissement de la classe moyenne
L'ex-ministre des Finances et l'enseignant universitaire Houcine Dimassi, a fait observer, dans son intervention, que le rythme d'augmentation des prix est à l'origine de l'appauvrissement de la classe moyenne de la société tunisienne. Il a expliqué cette transformation dans la composition de la société tunisienne par l'amplification de la spéculation sur les marchés internationaux (carburants et céréales), ainsi que sur les marchés intérieurs (les produits de base), ainsi que la dépréciation du dinar par rapport aux devises étrangères.
M. Dimassi a considéré que «l'augmentation arbitraire des salaires» pour faire face à l'augmentation des prix, est une «méthode irrationnelle» qui a entraîné une aggravation du taux de l'inflation.
D'après lui, «la Troïka adopte des solutions «en fonction d'objectifs politiques et sans penser aux retombées économiques».
L'observatoire national Ilaf est une organisation non gouvernementale fondée en mai 2011 par des juristes et économistes spécialisés dans le domaine de la fiscalité.
Cette Ong évalue, à travers des études, les services fournis par les entreprises publiques et organise aussi des campagnes de sensibilisation en faveur du consommateur et du contribuable.
I. B. (avec Tap).