Riadh Ben FadhelInvité de la ''Matinale'' de Shems FM, Riadh Ben Fadhel, leader du parti Al-Qotb (Pôle), a appelé les éléments démocrates au sein du parti Ennahdha à prendre une position claire vis-à-vis de la violence politique.

M. Ben Fadhel a jugé «nécessaire mais insuffisante» l'initiative de constitution l'alliance politique et électorale appelée Ittihad Min Ajli Tounes (Union pour la Tunisie), qui rassemble 5 partis politiques de centre-gauche (Nida Tounes, Al-Jomhouri, Al-Massar, Parti socialiste de gauche et Parti du travail national et démocratique).

«Cette alliance est insuffisante pour faire face aux forces obscurantistes, si elle n'est pas élargie et fondée un ensemble de grandes idées fédératrices. Car il s'agit de peser d'un réel poids face à un mouvement représentant le tiers de l'électorat tunisien», a-t-il dit par allusion au mouvement islamiste Ennahdha.

«Le combat se déroule aujourd'hui au sein même d'Ennahdha entre les tenants de l'islamisme pur et dur et les éléments démocrates. Ces derniers doivent prendre une position définitive contre la violence. Ennahdha ne peut pas continuer à rassembler sous le même emblème les islamistes modérés et les djihadistes. Des gens comme Sadok Chourou, Habib Ellouze et d'autres expriment des points de vue qui n'honorent pas ce parti», a estime le leader du Pôle. Et d'ajouter: «Le double langage auquel nous a habitués Ennahdha est arrivé aujourd'hui à une impasse. Ce langage a fait beaucoup de mal à la Tunisie. Il finira par perdre Ennahdha lui-même.»

«Durant la campagne pour les élections du 23 octobre 2011, le parti islamiste tunisien s'est fait prévaloir, aux yeux des électeurs, du modèle de l'islamisme turc, celui d'un islam civil, ouvert et moderne, représenté par Recep Erdogan et son parti AKP. Or, nous vivons, aujourd'hui, dans un modèle pakistanais ou, au mieux, dans celui des Frères musulmans égyptiens», a déploré M. Ben Fadhel. Et d'ajouter: «Les dirigeants d'Ennahdha ne sont pas sur la même longueur d'onde. Certains des députés de ce parti au sein de l'Assemblée nationale constituante (Anc) œuvrent ouvertement pour la reproduction de l'ancien système despotique dans le texte même de la constitution».

Interrogé sur la proposition du chef du gouvernement Hamadi Jebali pour la constitution d'un gouvernement restreint de technocrates indépendants, M. Ben Fadhel a affirmé que cette proposition est «tardive et insuffisante». Il a, cependant, ajouté qu'elle «constitue un bon début pour rassembler toutes les forces politiques, y compris bien sûr la troïka, autour d'une feuille de route qui assure la tenue des prochaines élections dans les meilleures conditions de transparence et, par conséquent, la réussite de la seconde phase transitoire».

Z. A.