Contrairement aux traditions, les femmes, étaient, aujourd'hui, côte-à-côte avec les hommes, au cimetière El-Jallez, pour rendre hommage au martyr Chokri Belaïd en chantant l'hymne national.
Ce qui a frappé l'attention, aujourd'hui, des Tunisiens qui ont suivi les obsèques du martyr, un rite habituellement réservé aux seuls hommes dans la tradition islamique, c'est la présence d'un grand nombre de femmes, qui n'ont pas hésité à se rendre au cimetière pour rendre un dernier hommage au grand-homme: parent pour certaines d'entre elles, camarade ou collègue pour les autres. Un simpe compatriote pour la majorité d'entre elles. Et un exemple de bravoure et de courage.
Autre constat: la présence massive des syndicalistes, intellectuels, artistes, écrivains et autres journalistes. Car le défunt était une personnalité d'envergure nationale.
Basma Khalfaoui Belaïd fait le signe de la victoire aux dizaines de milliers de personnes accompagnant son mari à sa dernière demeure.
Au cimetière, certaines personnes, très en colère pour cette lourde perte, n'ont pas pu s'empêcher à crier : «Le peuple veut faire tomber le pouvoir» ou «Eau et pain et non à Ennahdha», «Ya chahid ya Hached (Farhat Hached, leader syndicaliste assassiné il y a 60 ans, Ndlr), Ennahdha bâet el-blad» (Ô Hached, Ennahdha a vendu le pays), «Tounes horra wa el-irhab âla Barra» (La Tunisie est libre et le terrorisme dehors), «Ya houkouma ya ghaddara, Chokri machech khsara» (Gouvernement traitre, Chokri n'est pas parti en vain), «Ya Ghannouchi ya jaban, echâab ettounissi la youhan» (Ghannouchi le traître, le peuple tunisien n'accepte pas l'humiliation) ou encore «La lil-fitna, kolna Touensa» (Non à la discorde, nous sommes tous Tunisiens).
«C'est un jour de colère, certes, mais faisons calmement notre deuil. Nous allons continuer à appeler au dialogue et à rejeter toute forme de violence. Aujourd'hui, le peuple est maître de la situation et la Tunisie pleure son martyr et va continuer son petit bout de chemin pour continuer son combat vers la démocratie. Restons calmes pour qu'ils (les individus et les groupes appelant au meurtre, Ndlr) tirent des leçons et reviennent à la raison pour une Tunisie unie», a lancé Ahmed Brahim, leader d'Al-Massar aux opposants au parti Ennahdha à travers les médias.
Les collègues de Chokri Belaïd, entourant le Bâtonnier Chawki Tabib, attendent l'arrivée de la dépuolle mortelle du martyr.
Au centre-ville de Tunis, une marche spontanée a été organisée par des milliers de personnes dans l'avenue Habib Bourguiba. La même chose à Bizerte, Jendouba, Nabeul, Mahdia, Gafsa, le Kef, Sfax, Sousse, Mahdia, où des dizaines de milliers de personnes ont organisé des funérailles symboliques agitant le drapeau national, le portrait du défunt mais aussi des slogans contre Ennahdha.
Selon l'Union générale tunisienne du Travail (Ugtt), la grève générale est très réussie. «100% dans le secteur public», apprend-on de source syndicale. Les bâtiments publics comme la majorité des établissements privés et commerces sont fermés.
Z. A.