Rached Ghannouchi «Chokri Belaïd n'est pas un nouveau Bouazizi ni moi pas un nouveau Ben Ali», a déclaré Rached Ghannouchi, ajoutant que «les militaires ne remplaceront pas les politiques, comme solution à la crise». «Ce qui se passe en Tunisie n'est pas le scénario algérien de 1992», a-t-il ajouté.

 

Dans une interview publiée dimanche au quotidien algérien ''Al-Khabar'', Rached Ghannouchi reconnaît certes que la situation en Tunisie est difficile mais pas vraiment catastrophique.

La décision de Hamadi Jebali de constituer un gouvernement de technocrates indépendants des partis n'a, certes, pas convaincu les responsables d'Ennahdha, mais cette décision du chef du gouvernement nahdhaoui est loin d'être une rébellion qui va conduire à la division au sein du mouvement islamiste, estime Ghannouchi, car, dit-il, «Ennahdha est un parti uni.»

«Nos adversaires ont voulu nous attaquer par le sang de Chokri Belaïd. C'est eux qui cherchent l'affrontement et pas nous. Eux n'ont eu que 2,4% lors des élections du 23 octobre 2011, alors que nous avons eu 20 fois plus avec 42%. Puis Chokri Belaïd n'est pas un nouveau Bouazizi ni moi un nouveau dictateur... Ceux qui croient que les révolutions sont faites de scénarios, se trompent», a-t-il déclaré le Guide suprême, sans utiliser une seule fois le mot martyr en parlant de Chokri Belaïd, à l'instar de tous les autres dirigeants d'Ennahdha. Ces derniers sont certes souvent hypocrites, qui disent le contraire de ce qu'ils pensent et font, mais leur hypocrisie a tout de même des limites.

Evoquant l'armée tunisienne dans son entretien avec le journal algérien, M. Ghannouchi a notamment dit que celle-ci «est professionnelle et ne se mêle pas des affaires politiques. L'armée garde les frontières, et si on en a besoin, elle accomplira sa mission».

M. Ghannouchi se rassure et rassure les siens, mais rassure-t-il pour autant les 10 millions de Tunisiens. Rien n'est moins sûr.

Z. A.