Le député français Jean-Luc Mélenchon s'est rendu aujourd'hui au cimetière d'El-Jallaz à Tunis et s'est recueilli sur la tombe du martyr Chokri Belaïd, assassiné mercredi et enterré vendredi, lors d'obsèques nationales ayant réuni quelque 1,4 million de personnes.
Invité par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) pour donner demain lundi, à partir de 17 heures à la maison Ibn Rachiq (avenue de Paris) à Tunis, une conférence sur «l'éco-socialisme, un nouvel horizon pour le progrès humain», le leader du Front de gauche a tenu à se rendre dimanche après-midi au cimetierre Al-Jallez pour rendre hommage à un camarde de gauche comme lui.
Au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd, Jean-Luc Mélenchon a déclaré dans un entretien au journal algérien ‘‘El-Watan’’: «Je ne partage pas seulement la cravate rouge avec ce grand monsieur, mais aussi une compréhension commune du rôle tribunicien. Il était un grand tribun, le tribun des pauvres, des ouvriers et des femmes. Il nous a donné une leçon de courage. Il n’a provoqué personne, il a juste dit ce qu’il y avait à dire. Il l’a dit haut et fort. Je suis persuadé qu’au Maghreb, il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui ont cette même conscience politique exigeante. Ils ne sont pas seulement utiles à leurs idées, mais à leur peuple tout entier.»
Interrogé sur le printemps arabe, le leader du Front de gauche a répondu: «Déjà, je suis méfiant vis-à-vis de cette appellation de Printemps ‘‘arabe’’. Veut-on sous-entendre qu’il est enfermé d’avance dans un cadre ethnique, voire religieux? Je n’ai vu dans l’exemple de la révolution tunisienne que des revendications universalistes. On y réclamait la paix, la démocratie et le respect des droits de l’homme. Cette révolution reste un prototype d’un extrême intérêt universel. Le peuple tunisien est héritier des avancées considérables de ses droits civiques, comme l’égalité des sexes, grâce à un cumul de luttes dans le temps. La révolution tunisienne est notre enfant chéri à tous. C’est une révolution sociale. Et, en tant que telle, elle défend les questions sur lesquelles est constituée la modernité. Aussi, c’est une révolution pacifique malgré certains épisodes violents. Son intérêt est de poursuivre sur ce chemin pacifique. Car si les armes s’en mêlent, le dernier mot reviendra au mieux armé et cela n’est pas une garantie de démocratie pour le futur. Voilà pourquoi je pense que les révolutions libyenne et syrienne sont mal parties à causes des violences qui les ont défigurées. Je sais que la révolution tunisienne va s’arc-bouter pour ne pas basculer dans le chaos de la violence après l’infâme assassinat de Chokri Belaïd.»
Z. A.