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Le CpR, parti «gadget», est en passe de devenir un parti caméléon: sans foi ni lois ni crédibilité, il finira, tôt ou tard, cannibalisé par le parti Ennahdha, dont il est, en grande partie, l'émanation.

Par Fadhel Ben Jbara*

Alors que le pays traverse un des plus sombres moments de son histoire moderne, le parti du Congrès pour la République (CpR) continue à manœuvrer à volonté, à vouloir faire la pluie et le beau temps et à recourir à une série de stratagèmes démodés: les effets d'annonce, la langue de bois et les faux suspenses et ultimatums.

Annoncée comme imminente et mécanique, la démission des ministres du CpR du gouvernement Hamadi Jebali devient elle même objet de manœuvres complexes et interminables et de positions ambigües et variables allant jusqu'à donner, lundi, une ultime injonction à Hamadi Jebali.

Le CpR se tire une balle dans le pied

A cet effet, le professeur en droit constitutionnel, Chafik Sarsar, a affirmé, lundi, sur les ondes de Shems Fm que «la décision du CpR, à savoir geler la décision des démissions de ses ministres pendant une semaine, est, d'une part, une menace politique et, d'autre part, n'a aucun fondement légal». Il a expliqué qu'il n'existe aucune loi dans le monde qui permet de geler une décision de démission: ou on démissionne ou on refuse de le faire. Cette décision n'est autre qu'une façon de ne pas démissionner.

En annonçant le gel de la démission de ses ministres, une première en matière de droit constitutionnel, M. Abbou, pourtant homme de lois, donne une image très négative de son parti et se tire une balle dans le pied. Après de dizaines de déclarations fermes et sans appel tenues par des membres du CpR à l'encontre d'Ennahdha voilà que M. Abbou se rétracte en justifiant son attitude par des promesses récemment reçues d'Ennahdha. Or, les promesses n'engagent que ceux qui y croient !

M. Abbou a t-il les moyens de prendre position contre ses alliés nahdaouis?

Le parti «gadget» en passe de devenir parti caméléon

La réponse est négative et M. Abbou est loin d'être naïf, mais il ne peut que continuer de bluffer car, d'une part Mme Badi, MM Maâtar et Ben Hmidène (des Nahdhaouis pur jus «prêtés» au CpR) n'ont laissé à travers leurs déclarations aucun doute sur l'absence de toute volonté réelle de démissionner, ce qui laisse à penser que M. Abbou n'a aucune emprise réelle sur ces ministres; d'autre part, le risque d'implosion du CpR semble lui dicter la fuite en avant et l'attentisme car certains membres du parti sont connus pour leur affinité accentuée envers le parti Ennahda et une nouvelle scission au sein du parti lui sera sans doute fatale.

Fidèle à sa réputation, le CpR ne veut pas insulter l'avenir même pour la proposition de M. Jebali. Après avoir torpillé cette proposition par une partie de ses membres, qui ont crié au «coup d'Etat Rcdiste», on assiste, dans le cadre de partage «illogique» des tâches, au soutien de cette proposition notamment par Hédi Ben Abbes pour qui M. Jebali est un patriote! (Shems FM du 11 février, à 13h40).

Incontestablement le CpR, parti «gadget» est en passe de devenir un parti caméléon: sans foi ni lois ni crédibilité. Il finira, tôt ou tard, cannibalisé par les autres partis surtout Ennahdha, dont il est, en grande partie, l'émanation.

* Ingénieur.