Pour garder un poste qui ne se représentera sans doute jamais, la ministre de la Femme Sihem badi minimise le phénomène des petites filles voilées et des jardins d'enfants qui forment des apprentis jihadistes.
Par Hatem Nafti
Depuis quelques jours, vous vous pavanez sur les plateaux de télévision et de radio pour nous expliquer, dans un style qui vous est propre, votre refus catégorique de la proposition du chef du gouvernement de créer un cabinet apolitique.
Personne ne vous dénie le droit de vous accrocher à votre strapontin, mais votre façon de le faire est plus que discutable. Je retiendrai dans cet article votre passage remarqué sur le plateau de ''Siassa Show'' sur la chaîne nationale Watania1.
Un cas d'hystérie
Commençons par la forme. À plusieurs reprises, vous étiez partie dans des monologues interminables sur un ton méprisant et surtout à un taux élevé de décibels. Je pense, je parle sous le contrôle du médecin que vous êtes, qu'on était devant un cas d'hystérie. Ayant déjà côtoyé des sujets atteints, je ne peux qu'exprimer ma compassion, mais quid du prestige de l'Etat? Vous savez, cette entité que vous êtes censée servir (et pas vous servir!) Vous êtes ministre des Affaires de la femme, censée représenter la femme tunisienne. Le faites-vous ainsi? Permettez-moi d'en douter. Pourtant, une femme tunisienne s'est identifiée à vous, Raja Haj Mansour (avocate rayée du barreau, qui passe sa vie à insulter et surtout calomnier tous ceux qui s'opposent à votre sur-parti Ennadha). Je ne pense pas que des éloges venant de cette dame reluisent votre image. Je me trompe peut-être...
Mais intéressons-nous au fond de vos déclarations. Dans votre diatribe vous-vous en prenez à l'opposition en la traitant (on a pris l'habitude) de tous les noms et en l'accusant, notamment, de vouloir «se retourner contre la légitimité». Ah la légitimité! Ce mot magique qui permet de tout justifier: la criminalisation des mouvements sociaux, la salaires et avantages des députés et ministres votés ou accordés dans l'opacité la plus totale, l'ingérence dans les affaires judiciaires, les scandales judiciaires, les bons d'essence supplémentaires, les milices criminelles que vous appuyez, etc. Je m'arrête là sinon, je vais passer d'un article à un dictionnaire.
Sihem Badi a frôlé la crise de nerfs en exprimant l'opposition de son parti, le CpR, à l initiative de Hamadi Jebali.
Non seulement vous utilisez la légitimité comme fonds de commerce et comme paravent sémantique à vos petites magouilles mais en plus ce coup d'Etat contre la légitimité n'existe que dans votre imagination.
Permettez-moi ce petit rappel des faits : d'une part, nous avons élu des constituants pas un gouvernement (intéressez-vous à l'absentéisme des députés, majorité et opposition confondues) et TOUS les partis ont insisté sur le fait que peu importe la forme que prendra le futur gouvernement, ce dernier devra être accepté par l'Assemblée nationale constituante (Anc). Et, peu importe la manière de désigner ce futur cabinet, l'assemblée peut toujours le faire chuter.
Ne sous-estimant nullement vos connaissances dans le domaine, je pense que vous essayez de flouer l'opinion par un discours populiste, de mauvaise foi et surtout sans fondement! Honte à vous!
Un salaire, des avantages et des bons d'essence à gogo
Autre argument massue que vous brandissez: la lutte contre l'ancien régime. Ainsi, quand le représentant du Front Populaire vous fait la proposition d'une conférence de Salut National qui impliquerait tous les partis. Proposition rejetée en bloc à cause de la présence de partis Rcdistes (comprendre Nida Tounes, bien entendu, le parti Al-Moubadara (Initiative) de Kamel Morjane n'est jamais évoqué car il ne dérange pas).
Après avoir énuméré (et même amplifié) les crimes de l'ancien régime, vous nous juriez que jamais au grand jamais vous ne seriez sur la même table qu'un membre de l'ancien régime. Mais quelle hypocrisie!! Dans tous les conseils des ministres auxquels vous assistez, vous côtoyez un ancien ministre de Ben Ali, le chef de cabinet d'Abdallah Kallel au ministère de l'Intérieur dans la période la plus sombre, lorsque les islamistes étaient torturés par milliers, et un président d'un comité de coordination du Rcd, rien que ça !!
Pourtant, on ne vous a jamais entendu vous plaindre ou jurer comme hier. Il faut dire qu'on ne vous proposera pas un salaire, des avantages et des bons d'essence à ladite conférence. Et quand on vous demande ce que votre gouvernement a fait pour lutter contre les reliques de l'ancien régime (les fameux «azlem»), à part de les promouvoir ou les nommer à la tête d'organismes publics, vous nous demandez plus de temps pour les poursuivre et les punir car, je cite, l'injustice ne dure jamais longtemps.
Détrompez-vous cher lecteur, cher auditeur, ce n'est pas un conte de grand-mère, c'est une ministre qui parle!!
La vérité, Madame, c'est que votre parti, qui a promis la révision de la dette et qui se retrouve dans un gouvernement qui se couche devant le FMI, qui a promis la lutte contre la corruption et qui se retrouve associé à la corruption, aux milices, à la justice qu'on essaye de mettre au pas, n'a aucune chance aux prochaines élections.
Votre parti se retrouve inféodé à Ennahdha. Donc, pour garder un poste qui ne se représentera sans doute jamais, vous êtes prête à tout, même à minimiser le phénomène des petites filles voilées et des jardins d'enfants qui forment des apprentis jihadistes. Honte à vous!!