Les faucons d'Ennahdha ont annoncé un rassemblement d'un million de personnes pour soutenir le gouvernement légitime. Ils ont finalement rassemblé 16.000 personnes, selon le chiffre officiel avancé par le ministère de l'Intérieur.
S'ils voulaient répliquer aux funérailles du leader de gauche Chokri Belaïd, le 6 février, qui avaient rassemblé 1,4 millions de personnes, selon le chiffre du même ministère de l'Intérieur, les dirigeants d'Ennahdha ont vraiment raté le coche.
Plusieurs dizaines de bus ont pourtant été affrétés par le mouvement islamiste pour ramener ses partisans des quatre coins du pays. Pour un résultat plutôt maigre. Et pour cause: le cœur n'y était pas. Et puis, le mouvement est aujourd'hui déchiré, traversé par de fortes divisions intérieures.
Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha, contre lequel le rassemblement était aussi organisé, a démontré, indirectement, que le chef du gouvernement compte de nombreux partisans au sein du mouvement: ceux qui ont préféré rester chez eux et ne pas cautionner une action inutile et irresponsable décidée et organisée par les extrémistes du mouvement et, à leur tête, son président Rached Ghannouchi.
Ce rassemblement censé appeler à l'unité nationale n'a finalement rassemblé que les mouvances islamistes: Ennahdha et ses alliés organiques, les salafistes de tous bords, notamment les partisans du wahhabite pro-saoudien Béchir Ben Hassen, présent à la tribune aux côtés de Rached Ghannouchi, Habib Ellouze, Walid Bennani, Moncef Ben Salem, Mohamed Ben Salem, Rafik Abdessalem, et autres Maherzia Lâbidi, vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante (Anc).
Autre contradiction dans la position d'Ennahdha: les slogans n'appelaient pas vraiment à l'unité nationale mais à l'exclusion de Nida Tounes et de Béji Caïd Essebsi: poil à gratter du parti islamiste qui redoute la capacité de mobilisation de ce parti de centre-gauche donné en tête des intentions de vote par les derniers sondages d'opinion.
I. B.