Selon des rumeurs distillées via les réseaux sociaux et des sites islamistes, l'assassinat de Chokri Belaïd serait l'œuvre des services algériens, qui voudraient faire échouer le gouvernement Ennahdha en Tunisie.
Cette information est explosive mais peu crédible. Aussi doit-elle être prise avec beaucoup de précaution. Et pour cause: l'agence ''Al-Quds Press'', qui a publié l'information, cite une très vague «source sécuritaire algérienne». On ne peut pas dire qu'elle brille là par une grande précision. Ou un minimum de professionnalisme.
Sur un autre plan, l'information est très téléphonée, en ce sens que ladite «source sécuritaire algérienne» avance que l'assassinat du leader de gauche tunisien Chokri Belaïd, «porte l'empreinte du scénario algérien, qui a pris pour cible le Front islamique du salut (Fis) dans les années 1990 du siècle dernier, quant ce front a gagné les élections et qu'il a été renversé par un putsch».
Nous sommes là face à une supputation et non à une information digne de ce nom. Et pour cause, la comparaison entre les situations tunisienne et algérienne ne tient pas la route : Ennahdha n'a été renversé par aucune partie, ni militaire ni civile. Mieux : le parti islamiste tunisien gouverne et dispose de tous les leviers du pouvoir: sécuritaire, judiciaire, etc.
Si, donc, une partie étrangère, algérienne ou autre, est impliquée dans le meurtre du dirigeant du Front populaire – ce dont doutent beaucoup de Tunisiens –, Ali Lârayedh, ministre de l'Intérieur, et Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, devraient être en mesure de nous révéler bientôt l'identité des assassins et leurs hypothétiques commanditaires.
Mais là, on pourra toujours attendre, sans ironie aucune...
Ces rumeurs (ou fausses nouvelles) distillés via les réseaux sociaux ou des sites islamistes, faisant allusion à une implication étrangère dans l'assassinat de Chokri Belaïd, tantôt française tantôt algérienne tantôt de vagues autres parties étrangères qui veulent faire échouer le gouvernement Ennahdha (sic !)..., ces nouvelles, donc, n'ont qu'un objectif : faire diversion, noyer la responsabilité de l'attentat et créer un écran de fumée pour camoufler la nécessité, pour les membres d'Ennahdha au gouvernement (Lârayedh et Bhiri), de faire la lumière sur un ignoble assassinat politique dont les auteurs risquent... d'échapper longtemps à la justice .
I. B.