La situation économique, sociale et politique en Tunisie n'a jamais touché les abysses qu'elle a atteints aujourd'hui sous la bienveillante direction du parti Ennahdha.
Par Tarak Arfaoui
La Tunisie post révolutionnaire va de Charybde en Scylla et c'est peut-être un euphémisme de dire qu'elle va de mal en pis.
En effet, dans l'histoire contemporaine du pays, la situation économique, sociale et politique n'a jamais touché les abysses que nous avons atteints sous la bienveillante direction du parti Ennahdha, de son appendice le Congrès pour la république (CpR) et de son faire-valoir Ettakattol.
Une secte, un gourou et des adeptes ivres de légitimité
Le Mouvement Ennahdha gouverne certes grâce à la légitimité des urnes, mais la légitimité, aussi noble soit-elle, ne légitime pas l'incompétence, l'insuffisance et l'amateurisme, et n'a plus aucune valeur quant ses tenants mènent le pays vers la banqueroute et le chaos.
Il est clair qu'en dehors de cette sempiternelle légitimité qu'on nous chante tous les jours, il ne fait pas de doute que le pays est arrivé a un stade où il n'est plus gouverné par des institutions aux normes politiques habituelles qui utilisent les mécanismes de la démocratie, efficaces partout dans le monde, mais plutôt par une espèce de secte, dénommée ''Majlis Choura'' qui fait et défait la politique du pays avec à sa tête un gourou, en l'occurrence Rached Ghannouchi, Guide Omnipotent qui tient sous sa coupe ses adeptes.
'Majlis Choura'', l'instance suprême du parti Ennahdha issu de son 9 ème congrès.
L'Assemblée nationale constituante (Anc) avec ses élus, le gouvernement et ses ministres, et tutti-quanti, se sont révélés en fait de simples marionnettes donnant l'illusion d'un fonctionnement démocratique des institutions mais sans aucune efficience sur le cours des événements.
Les derniers rebondissements du feuilleton du remaniement ministériel, qui dure depuis des mois, a mis à nu, au niveau de la scène politique, après l'assassinat du militant Chokri Belaïd, les graves dysfonctionnements qui entravent le pouvoir.
Voilà un Premier ministre qui propose sans consulter personne un remaniement ministériel qui est illico presto refusé par son parti dont il est le secrétaire général!
Voilà des ministres qui se chamaillent entre eux et qui n'hésitent pas à dénigrer voire à invectiver ouvertement le chef de leur gouvernement !
Voilà un parti qui met au pied du mur son secrétaire général et qui, en même temps, soutient sa candidature pour un nouveau gouvernement!
Voilà le vice-président d'Ennahdha, Abdelfattah Mourou, qui tire à boulets rouges sur le président du mouvement!
Voilà un chef de gouvernement qui ne cesse de se donner à lui-même des ultimatums pour démissionner sans avoir le courage de démissionner!
Pourquoi Ennahdha ne veut pas lâcher le ministère de l'Intérieur?
Ce misérable cirque est enfin entretenu par les militants d'Ennahdha, dont le parti en grave perte de vitesse sur tous les plans ne trouve pas mieux que d'utiliser les vieilles méthodes du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti au pouvoir) pour ameuter ses partisans dans des simulacres de manifestations populaires à coup de propagande misérable qui ont fait leur temps.
Le ministère de l'intérieur fait preuve du laxisme face aux attaques qu'a connu le pays ces derniers mois.
Les perspectives économiques sombres, le chômage, l'inflation, le marasme social ne semblent inquiéter outre mesure M. Ghannouchi, chef d'Ennahdha, qui, dans ses diatribes sans cesse renouvelées, n'a pour seul et unique but que de ne pas lâcher le pouvoir. Le spectre du lâchage du ministère de l'Intérieur par exemple est très symptomatique du désarroi de Ghannouchi. La grande muette en Tunisie n'est pas l'armée mais plutôt ce ministère de l'Intérieur qui est en quelque sorte le cheval de Troie qu'utilise Ennahdha pour noyauter tous les rouages du pays.
Un jour viendra sûrement où M. Lârayadh rendra compte de toutes ses insuffisances et méfaits à la tête de ce ministère; les Tunisiens seront sûrement sidérés en découvrant ce que cache cette boite de Pandore et comprendront pourquoi l'enquête sur les événements du 9 avril 2012 a été étouffée, comment la grave attaque de l'ambassade américaine a été organisée, par qui Lotfi Nagdh a été assassiné, qui était derrière les graves événements de Siliana, qui a commandité l'attaque de l'Ugtt, qui se cache derrière le récent assassinat de Chokri Belaid, etc.
Les Tunisiens comprendront alors pourquoi Ennahdha fera tout pour ne pas lâcher le ministère de l'Intérieur et pourquoi la Tunisie va de mal en pis ou, pour être plus expressif, de Ghannouchi en Nahdha!