Le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali a annoncé, mardi soir, qu'il a présenté sa démission au président provisoire de la république Moncef Marzouki, mais que le gouvernement poursuivra ses activités au service du peuple.
«Je m'étais engagé à démissionner si l'initiative de former un gouvernement de compétences apolitiques ne réussit pas et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui», a-t-il déclaré, lors d'une allocution télévisée depuis le palais de Carthage, soulignant que «cet échec et cette démission ne sont pas un échec de la Tunisie ou de sa révolution».
Il n'y aura pas de vide politique et institutionnel
«Cette démission ne signifie pas un manquement au devoir», a-t-il encore insisté, indiquant avoir demandé à tous les membres du gouvernement, lors du conseil ministériel tenu ce mardi, de poursuivre leurs activités au service du peuple et l'Etat.
«Nous nous emploierons à assurer la pérennité de l'Etat et la continuité de ses services, et veillerons à ce qu'il n'y ait pas un vide politique et institutionnel à tous les niveaux», a-t-il assuré, laissant entendre que son équipe sera désormais un gouvernement des gestion des affaires courantes.
Hamadi Jebali a aussi noté que «le peuple tunisien est déçu par son élite politique et il est impératif de rétablir la confiance», relevant dans ce sens que sa démission «est un pas pour restaurer la confiance» et constitue «une épreuve pour tous les acteurs et partis politiques».
Au sujet de son éventuelle candidature à la présidence du prochain gouvernement, Hamadi Jebali a souligné être «toujours convaincu par la nécessité de former un gouvernement de compétences nationales apolitiques», se disant toutefois «prêt à rester au service du peuple» à condition que le prochain gouvernement soit «à l'abri de tous tiraillements politiques et qu'il assure une plate-forme favorisant un dialogue national sans exclusions et fixe, en particulier, une date pour les prochaines élections». Et d'ajouter : «Je ne m'engagerai dans une nouvelle expérience que si la date des élections est fixée, et avant cela la Constitution parachevée».
Le plus important, a insisté Hamadi Jebali, c'est d'apporter une vision plus claire aux Tunisiens, aux acteurs économiques et sociaux et à l'opinion publique nationale et internationale.
«Le prochain gouvernement, même s'il est de coalition, doit être le gouvernement de tous les Tunisiens et défendre le droit de tous les citoyens de se réunir et de manifester librement», a encore insisté M. Jebali, ajoutant que «l'Etat doit assumer sa responsabilité de garantir les libertés, et ne permettre à aucune partie, organisations, ou comités, de se substituer à son rôle».
Pour ne pas insulter l'avenir...
Relevant que «ces conditions sont une sorte de contrat moral conclu avec le peuple tunisien», Hamadi Jebali a affirmé qu'il ne «briguera aucun poste, quel qu'il soit» et qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections. Il a assuré, également, qu'il veillera à ce que les membres d'un éventuel gouvernement qu'il présidera ne se présentent pas.
«J'ai tiré les leçons des concertations avec les partis politiques et réalisé que l'initiative ne pouvait pas aboutir», a-t-il indiqué, ajoutant : «Je n'accuse personne et ne fais porter la responsabilité à aucune partie, mais il faut cesser les échanges d'accusations et les conflits parce que le peuple en a assez», a-t-il conclu, évitant toute polémique avec son propre parti, Ennahdha, qui a beaucoup œuvré pour faire échouer son projet de gouvernement de compétences, et laissant la porte ouverte à des négociations fructueuses pour la constitution d'un nouveau gouvernement, présidé par lui ou par un autre, dans un délai de 15 jours, comme le stipule la loi organisant le fonctionnement du pouvoir exécutif pendant la seconde phase transitoire.
I. B. (avec Tap).