Hamadi JebaliLe chef du gouvernement démissionnaire ne pourra finalement pas se succéder à lui-même. C'est son parti, Ennahdha, qui en a décidé ainsi. Trois candidats sont en lice : Ali Lârayedh, Noureddine Bhiri et Mohamed Ben Salem.

Après avoir crié sur tous les toits que Hamadi Jebali, le chef du gouvernement sortant, sera le candidat d'Ennahdha pour la constitution du prochain gouvernement de coalition, Rached Ghannouchi et les autres dirigeants islamistes semblent avoir changé d'avis et se proposent de choisir entre trois membres du gouvernement sortant : les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Agriculture.

Comment expliquer cette volte-face?

Une manœuvre pour faire pression sur Hamadi Jebali afin qu'il revienne sur ses conditions (fixation des dates des prochaines élections, engagement des membres du prochain cabinet à ne pas se présenter au gouvernement, etc.) ?

Une sanction pour Hamadi Jebali, qui a commis un crime de lèse-majesté en annonçant, le 6 février, le soir de l'assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd, son projet de constitution d'un gouvernement de technocrates indépendants des partis... sans consulter son propre parti?

Envoyer un message de fermeté en direction de l'opposition pour lui signifier que la recréation est finie et que la crise provoquée par l'assassinat de Belaïd est définitivement résolue par le retour... à la «normalité nahdhaouie»?

Il va sans dire que l'éviction de Hamadi Jebali et la nomination à sa place d'une personnalité pour le moins controversée – c'est le cas des trois candidats – ne participent pas d'une volonté d'apaisement ou de recherche du consensus national.

On pourrait même soupçonner Ennahdha de vouloir faire remonter davantage la tension dans une stratégie de pourrissement.

L'objectif ? Renvoyer les élections aux calendes grecques et permettre au mouvement islamiste de mieux asseoir son contrôle de tous les appareils de l'Etat...

Imed Bahri