«Le succès de la révolution est la responsabilité de tous les Tunisiens. Personne ne peut s'y soustraire, ni gouvernement ni opposition. Nous sommes tous sur la même barque, si elle coule, nous coulons tous».
C'est ce qu'a déclaré le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali, lors d'une allocution télévisée, jeudi soir, pour mettre tous les Tunisiens devant leur responsabilité.
Un homme blessé, lâché par les siens
L'homme, visiblement blessé pour avoir été lâché par ses camarades du parti islamiste Ennahdha, mais digne et grave, ayant fait le choix d'être du côté du peuple, quitte à heurter son parti, Hamadi Jebali a annoncé sa décision, «après consultation et mûre réflexion», de ne pas accepter la proposition de son parti, le mouvement Ennahdha, d'occuper à nouveau le poste de chef du gouvernement. La proposition, à l'évidence, n'était pas assortie des assurances qu'il aurait les coudées franches pour travailler dans le cadre d'un consensus nationale.
«J'ai refusé la proposition, étant conscient que cette mission n'a pas de chances de réussir. Je m'excuse d'avoir refusé, je sais que le pays et le peuple attendent une solution», a-t-il expliqué. Tout était dit...
Hamadi Jebali s'est, en outre, dit convaincu qu'un gouvernement de compétences apolitiques, appuyé par tous les partis politiques et chargé de concrétiser les attentes des Tunisiens, reste la meilleure option. Il a, dans ce sens, «regretté l'absence de soutien politique à cette initiative» qui l'a «poussé à démissionner».
Ne pas «jeter de l'huile sur le feu»
«J'assume, ainsi que mon gouvernement, la responsabilité de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui le pays», a encore souligné Hamadi Jebali, mettant également en cause les partis au pouvoir, l'opposition et tous les acteurs nationaux, «en particulier les partis qui ont pris part aux deux récentes réunions de concertations». «J'impute la responsabilité à toutes les parties sans exception mais à des degrés différents bien entendu», a indiqué M.Jebali, critiquant également les médias qu'il a appelés à «avoir pitié du citoyen et du pays» et à ne pas «jeter de l'huile sur le feu».
Hamadi Jebali a, aussi, fait porter la responsabilité à toutes les parties sociales et syndicales qui, a-t-il dit, «auraient dû être conscientes que la situation du pays nécessite plus de patience, car les sit-in et les grèves n'ont fait qu'affaiblir l'économie nationale», se disant toutefois «compréhensif de leurs revendications».
Le chef du gouvernement démissionnaire a exhorté les hommes d'affaires et les investisseurs à «ne pas hésiter» et à «ne pas attendre» pour contribuer à l'impulsion de l'économie nationale et à booster les investissements, soulignant dans le même temps l'impératif d'assurer un climat propice à l'investissement.
«Les citoyens sont également appelés au labeur et au travail et doivent sortir du négativisme. On ne peut créer de richesses sans effort», a-t-il plaidé.
Excuses au peuple tunisien
Par ailleurs, Hamadi Jebali a appelé «les pays frères et amis» à «appuyer les efforts de la Tunisie par le conseil et le soutien» et à «ne pas s'ingérer dans les affaires internes du pays», soulignant que l'«expérience tunisienne est unique et avant-gardiste, et mérite le soutien». «Le succès de la révolution est la responsabilité de tous les Tunisiens. Personne ne peut s'y soustraire sous prétexte de gouvernement et d'opposition. Nous sommes tous sur la même barque, si elle coule, nous coulons tous», a insisté M. Jebali.
Il a tenu à rendre hommage à l'armée nationale «héroïque et républicaine» ainsi qu'à l'appareil sécuritaire «qui lutte et se sacrifie», louant également les efforts déployés par «les Tunisiens loyaux» et «les soldats de l'ombre dans les champs, les usines et tous les postes de production et de responsabilité».
En conclusion, Hamadi Jebali a présenté ses excuses au peuple tunisien et à tous ceux à qui il a «causé du tort». «Je m'excuse si j'ai déçu ou failli à mon devoir», a-t-il dit, affirmant en revanche être optimisme pour l'avenir du pays. «Mon optimisme se nourrit de la victoire de la révolution et de la conviction que le peuple tunisien est grand et retrouvera très vite son bon sens pour s'unir et préserver le pays».
I. B. (avec Tap).