La candidature de Ali Lârayedh, présentée par Ennahdha et avalisée par le président provisoire de la république, pour former le prochain gouvernement, ne fait pas l'unanimité. Au contraire...
M. Lârayedh fera-t-il un bon chef de gouvernement? Du côté d'Ennahdha et du Congrès pour la République (succursale du parti islamiste au pouvoir), on le pense sérieusement. Mais cet homme, qui a presque tout raté pendant les 13 mois qu'il a passé à la tête du ministère de l'Intérieur, suscite de vives critiques parmi les partis de l'opposition.
Les grands ténors de la scène tunisienne se sont déjà exprimés contre cette candidature et ont confirmé qu'ils ne participeront pas au gouvernement de coalition qu'il est chargé de constituer, et ne le soutiendront pas.
C'est le cas notamment de Nida Tounes (Appel de la Tunisie), d'Al-Jomhouri (Parti républicain), d'Al-Massar (la Voie démocratique et sociale) et du Front populaire, qui regroupe plusieurs partis de la gauche radicale et nationaliste arabe.
«Ali Lârayedh n'est pas l'homme le mieux indiqué pour diriger l'étape actuelle», a déclaré Néjib Chebbi, président du Haut comité politique d'Al-Jomhouri. «C'est un pas dans le mauvais sens», a renchéri Taïeb Baccouche, secrétaire général de Nida Tounes.
Si du côté de Wafa (autre succursale d'Ennahdha), on s'impatiente d'entrer dans le nouveau gouvernement, à l'Alliance démocratique on se montre plutôt perplexe sinon totalement opposé, non pas à la personnalité de Ali Lârayedh, mais à la démarche qui consiste à former un gouvernement sur la base de quotas politiques: méthode déjà expérimentée et qui a prouvé son inanité.
On risque de faire perdre encore du temps aux Tunisiens, alors que la situation dans le pays exige une feuille de route claire et des solutions d'urgence, notamment pour les problèmes socio-économiques.
On voit donc déjà les difficultés qu'aura M. Lârayedh à créer le consensus nécessaire autour de son nouveau gouvernement, et les oppositions qu'il aura à vaincre durant les 15 jours à venir, délai imposé pour accomplir sa tâche. Sachant qu'un gouvernement de coalition constitué d'Ennahdha et de quelques poussières de partis, opportunistes et peu représentatifs, ne sera pas une bonne solution. Loin s'en faut...
I. B.