Et si Ali Lârayedh, le ministre de l'Intérieur (et prochain chef du gouvernement provisoire), avait menti à propos de l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd? Si c'est le cas, cela n'est pas de bon augure pour la suite.
Le juge d'instruction auprès de la 13e chambre du Tribunal de première instance de Tunis, chargé de l'affaire de l'assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd, dément catégoriquement toute concertation avec le ministère de l'Intérieur pour la tenue de la conférence de presse, du mardi 26 février, par le ministre de l'Intérieur Ali Lârayedh, à propos de cette affaire, ni toute autorisation donnée, de sa part, pour la diffusion des informations divulguées au cours de cette conférence de presse.
C'est là, en tout cas, en substance, la réponse donnée par le juge d'instruction à Ahmed Rahmouni, président de l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la magistrature (Otim).
Dans cette réponse, publiée dans un communiqué diffusé, jeudi, par l'Observatoire, le juge d'instruction souligne qu'il n'y a pas eu de concertation avec aucune personne et aucune partie officielle représentant le ministère de l'Intérieur pour la diffusion de données relatives à l'affaire Chokri Belaïd.
Le ministre de l'Intérieur avait pourtant affirmé, lors de sa conférence de presse, l'engagement de son département à «respecter le secret de l'instruction», ajoutant : «Nous-nous sommes concertés avec le juge d'instruction en ce qui concerne cette conférence de presse, afin qu'elle ne transgresse pas la loi et que nous respections les exigences d'un Etat organisé».
Khaled Tarrouche, porte-parole officiel du ministère de l'Intérieur a indiqué pour sa part, dans l'émission ''Midi Show'' sur Mosaïque FM du mercredi 27 février) que la conférence de presse «a été organisée en totale concertation avec le juge d'instruction chargé de l'affaire et c'est lui qui a autorisé le ministère de l'Intérieur diffuser les données» présentées à cette occasion».
Quelqu'un a donc menti, et c'est le cas de le dire. Et il est très improbable que le menteur, dans cette affaire, soit le juge d'instruction.
Que penser alors d'un futur chef de gouvernement qui commence sa mission par... un mensonge? Et que peut-on attendre de lui? Qu'il continue de mentir à tout bout de camp?
I. B.