Ennahdha Tunisie

Il faudrait un alphabet d'un millier de lettres, ou plus, pour faire la liste des griefs que les Tunisiens portent désormais contre les disciples de Rached Ghannouchi.

Par Moncef Dhambri

On a tenté, dans les colonnes de Kapitalis, de suivre pas-à-pas l'inénarrable parcours du gouvernement Hamadi Jebali. Cette équipe, qui n'avait objectivement rien pour réussir, a collectionné les erreurs et fait montre, à plusieurs reprises, de l'impertinence la plus effrontée. A présent que M. Jebali a rendu le tablier et qu'il passe le relais à son ministre de l'intérieur Ali Lârayedh, il me semble approprié de dresser le bilan de ce qui a marqué ce premier mandat nahdhaoui.

Les historiens, les politologues, sociologues et autres experts retiendront sans doute d'autres faits (et méfaits !) saillants. Pour ma part, ma contribution se limitera, ici, à conter sous la forme d'un index cette quinzaine de mois que l'histoire de notre pays n'oubliera jamais.

Cet inventaire en vingt-six points n'a pas la prétention d'être exhaustif. Nos lecteurs auront tout le loisir de le rectifier, de le compléter et de l'améliorer.

Il est à noter que certains des évènements douloureux mentionnés et des «perles» citées n'impliquent pas nécessairement directement l'équipe Jebali, mais ils tentent de rappeler les maladresses, les incompétences et les expressions d'arrogance des «islamo-démocrates» – et leurs associés d'Ettakatol et du CpR – dont le pays a souffert sous ce premier gouvernement nahdhaoui.

Voici, donc, cette récolte abondante de bourdes, d'insanités et... de nos souffrances:

Ayari (Chedly), Rcdiste, succède à Mustapha Kamel Nabli à la tête de la Banque centrale de Tunisie (Bct).

Belaïd (Chokri), «le défenseur des gueux», est assassiné le 6 février, 2013.

Complémentarité homme-femme suggérée par les constituants nahdhaouis pour éviter le concept juridique universel d'égalité, pas très halal à leurs yeux..

Dimassi (Houcine) quitte le ministère des Finances.

Eau et électricité n'ont jamais autant manqué aux Tunisiens, qui plus est, en plein été.

Fuite au baccalauréat 2011-2012.

Grève générale, le vendredi 8 février 2013, la première depuis celle du 26 janvier 1978.

Haj 2012, le plus raté de l'histoire de la Tunisie : des pèlerins morts, d'autres disparus, une organisation chaotique...
Initiative de dialogue national de l'Ugtt, les 16 et 18 octobre 2012, boudée et torpillée par Ennahdha et, son appendice, le CpR.

Jeune citoyenne violée par des policiers traduite devant la justice «pour comportement indécent».

Kazdaghli (Habib), doyen de la Faculté de Manouba, trainé devant la justice par une niqabée.

Lârayedh (Ali) déclare: «Nous les attendions en face, ils nous ont surpris par l'arrière», à propos de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, le 14 septembre 2012.

Mâatar (Abdelwaheb) propose la cueillette des olives comme emploi aux diplômés du supérieur.

Nagdh (Lotfi) «est mort, suite à un arrêt cardiaque», selon Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Olfa Riahi révèle le «Sheratongate», scandale des séjours à l'hôtel Sheraton passés par le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem au frais du contribuable.

Pénurie de lait qui a beaucoup trop duré.

Qamis et barbes fleurissent en Tunisie.

Rafik Abdessalem rencontre «Mme Hillary» (Mrs. Hillary Rodham Clinton).

Sihem Badi pose, pour l'éternité, avec les chaussures de Leila Trabelsi-Ben Ali.

Tuk-Tuk (tricycle), une brillante idée annoncée par M. Jebali, lors de la présentation de la Loi des Finances 2013, heureusement abandonnée par la suite : ces «bestioles» mécaniques auraient défiguré davantage l'image de nos villes.

Ulemas et prédicateurs proche-orientaux ont élu domicile en Tunisie, prêchant un islam wahhabite rigoureux et renforçant le salafisme jihadiste.

Vidéo «fuitée» de Rached Ghannouchi complotant avec ses «enfants» salafistes. «Patientez !», leur dit-il.

Wahhabisme en terre tunisienne conquise.

Xérodermie, urticaire et autres maladies de la peau sévissent en Tunisie, depuis le 23 octobre 2011.
Y a-t-il un Nahdhaoui pour sauver tous les autres? Non, non et non!

Zitoun (Lotfi), la terreur des médias et des «supplicateurs» («mounachidoun»), quitte la scène sur la pointe des pieds.

Il me faudrait un alphabet d'un millier de lettres, ou plus, pour énumérer les innombrables raisons pour lesquelles je m'opposerai toujours à Ennahdha. Un alphabet d'un millier de lettres, ou plus, pour faire la liste des griefs que nous portons contre les disciples de Rached Ghannouchi et leur «légitimité électorale» et pour exprimer nos appréhensions sur ce qui peut advenir de la Révolution du 14 janvier, si les électeurs tunisiens leur accordent un autre chèque en blanc, aux prochains scrutins.