Les mouvements de grève n’ont pas atteint la mobilisation espérée par les syndicats et l’opposition. Le malaise est pourtant réel, et la crise patente. Alors que le gouvernement de Sarkozy continue de sourire aux caméras sans rien céder sur ses réformes. Jamel Heni, Paris.
Les manifestants du 12 octobre contre la réforme de la retraite avoisinaient en France les trois millions selon toute estimation médiatique. Le ministère de l’Intérieur divisera par douze! Les syndicats obtiennent la réduction extrême des trains, RER ou métros, mais pas le gel total des convois, ni la massification du mouvement. Le gouvernement, regarde le doigt alors que la foule lui montre sa colère. Il se réjouit de l’essoufflement du mouvement et de l’absence des «étudiants» !
Quand la solidarité s’étiole
Les huit organisations syndicales dont la Cgt et Cfdt, le constatèrent à leurs dépens. La grève générale était plus une grosse manifestation qu’un gel total d’activité. La Poste et Edf n’en furent touchées qu’à hauteur de 10%. Seuls les cheminots, confirmèrent avec 4 trains sur 10, ou la Ratp avec un RER B quasiment nul. La grande surprise fut la remarquable présence des lycéens. «Sarko t’es foutu, les lycéens sont dans la rue», entonnaient-ils dans un élan solidaire et symbolique contre la réforme décriée des retraites.
Très attendu, le mouvement n’a pas trop pris, et le crescendo espéré n’a pas eu lieu. Tout au contraire, la solidarité s’étiola et seuls 15% des syndiqués Ratp poursuivèrent la grève mercredi 13 et jeudi 14 octobre, aux côtés des cheminots des agents de raffineries et des lycéens.
Les syndicats espéraient imprimer un rythme de croisière en mettant à contribution la colère générale des salariés, la baisse vertigineuse du président Sarkozy dans les sondages, et en assurant la mobilisation jusqu’au 16 octobre, date d’une nouvelle mobilisation hexagonale pour la protection des acquis sociaux. Leur plan B demeure de récidiver le 19!
Moins un camouflet qu’une correction
Moins un camouflet qu’une correction. Car comme le remarque l’éditorialiste Jules Joffrin dans ‘‘Libération’’ du 14 octobre, «il est difficile de construire une mobilisation claire sur des objectifs flous. Or chacun est persuadé qu’il faut une réforme, même si celle du gouvernement, de toute évidence injuste, n’est pas ce qu’il faut au pays. En fait les plus déterminés des salariés sont une peu comme des joueurs de poker, ils veulent bien laisser leur mise sur le tapis pour voir, jusqu’à la prochaine manifestation qui aura lieu samedi» ! Sauf qu’ils ne jouent pas seuls mais contre un gouvernement qui continue à sourire aux caméras sans rien céder sur ses réformes...
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