C'est un Caïd Essebsi ressemblant comme deux gouttes d'eau à Bourguiba, qui a célébré, samedi, à Ksar Hellal, le 79e anniversaire de la fondation du parti nationaliste Néo-Destour (2-Mars 1934). Un libérateur en cacherait-il un autre?

L'ex-Premier ministre et leader de Nida Tounes (également ancien ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous Bourguiba), était en terrain conquis. Et il a su saisir l'occasion pour rassurer ses partisans et envoyer des messages à ses adversaires.

Caïd Essebsi récite la fatiha sur la tombe de Bourguiba: dans le sillage du Combattant Suprême.

Dans le sillage du libérateur

Devant plusieurs milliers de militants, tous acquis à sa cause, il n'avait pas eu de mal à charmer son auditoire en évoquant la mémoire de Bourguiba, artisan de l'indépendance et fondateur de l'Etat tunisien moderne, et de ses compagnons de route, et notamment feu Ahmed Ayed, le grand militant nationaliste dont la ville de Ksar Hellal (centre-est) est fière.

L'identification de Caïd Essebsi à Bourguiba et de Nida Tounes au Néo-Destour, parti nationaliste ayant libéré le pays du joug d'une occupation étrangère, ne pouvait que fonctionner, l'allusion à la situation tunisienne actuelle étant évidente pour tous les présents. De là à voir en Caïd Essebsi et Nida Tounes des libérateurs en puissance, il y a un pas que beaucoup de Tunisiens n'hésitent plus à faire...

Un grand dispositif de sécurité pour protéger le leader de Nida Tounes, portant un gilet pare-balles, pour la première fois de sa vie.

Dans son discours, entrecoupé d'applaudissements nourris et de vivats, le président et fondateur du mouvement Nida Tounes n'a pas manqué de critiquer ce qu'il a qualifié de «tentative» des parties au pouvoir d'exclure les Destouriens de la scène politique. «Nous-nous opposons à l'exclusion car elle n'est pas dans l'intérêt de la Tunisie», a-t-il dit, faisant ici allusion au parti islamiste Ennahdha et à sa succursale, le Congrès pour la république (CpR), qui veulent passer un loi en ce sens devant l'Assemblée nationale constituante (Anc).

Un public des grands jours entièrement acquis à la cause. 

Ennahdha ne peut pas gérer seul les affaires du pays

M. Caid Essebsi a estimé que chacun à le droit de participer à la vie politique, ajoutant que «le mouvement Nida Tounes est ouvert à tout Destourien». «Aucun parti politique, y compris Ennahdha, n'est aujourd'hui capable de gérer seul les affaires du pays», a-t-il dit, appelant les différents acteurs politiques à privilégier la raison et le dialogue, à viser l'avenir et à servir la nation avec loyauté.

M. Caid Essebsi a, par la même occasion, annoncé que l'Union pour la Tunisie, qu'il considère comme le prolongement du Néo-Destour, est détenteur d'un nouveau projet d'avenir au service de la Tunisie et de sa gloire.

Ce partisan n'a pas pu remettre son bouquet de fleurs à son idole Béji Caïd Essebsi...

L'Union pour la Tunisie est une alliance politique et électorale constituée par Nida Tounes, le Parti républicain (Al-Jomhouri), la Voie démocratique et sociale (Al-Massar), le Parti socialiste et le Parti du travail patriotique et démocratique. D'autres formations de centre-gauche vont rejoindre cette coalition qui vise à rééquilibrer la vie politique, jusque là dominée par le parti islamiste Ennahdha.

Dans son discours de Ksar Hellal, Le chef de Nida Tounes a rappelé la contribution des Destouriens à la bataille de libération de la Tunisie et à l'édification d'un Etat moderne indépendant et souverain dont la religion est l'islam, la langue l'arabe et le régime républicain.

Peu avant le meeting, M. Caid Essebsi s'est rendu au mausolée de Bourguiba à Monastir où il a déposé une gerbe de fleurs et récité la Fatiha, en présence de plusieurs militants et de résistants de la première heure.

I. B. (avec Tap).