A l'occasion de la Journée internationale de la Femme, Nida Tounes France Nord une soirée-débat intitulée: «Femmes tunisiennes : état des lieux», le vendredi 8 mars, à 19h30, organise à l'Espace Hermès, à Paris.
Le débat se déroulera en présence de Saïda Garrach, membre du bureau exécutif de Nida Tounes, militante féministe et des droits de l'homme et avocate.
Me Garrach développera la position du parti Nida Tounes quant aux droits des femmes, en Tunisie et leur inscription dans le texte de la nouvelle constitution en cours de rédaction.
"Les femmes en Tunisie, quelles privilégiées!", disait-t-on, dans tout le Maghreb et le Machreq, voire toute l'Afrique ! Des femmes, à qui «le Combattant suprême», Bourguiba (1er président de la République tunisienne) a fait don du Code du statut personnel (CSP), décrété le 13 août 1956, quelques mois donc après l'indépendance de la Tunisie.
Que d'avancées dans ce code : mariage par consentement mutuel des deux époux, âge minimum pour la contraction d'un mariage fixé à 18 ans, aussi bien pour l'homme que pour la femme, abolition de la polygamie (art. 18), dissolution du mariage par divorce prononcé par-devant le tribunal, interdiction de la répudiation, etc.
Et en plus de ce code, des lois furent promulguées : droit à l'avortement (depuis 1973), à la contraception (avec mise en place du planning familial), procréation médialement assistée, droit de vote pour les femmes et interdiction du port du voile dans les écoles (1957).
Que d'acquis dans le pays de l'«exception arabo-musulmane»!
Après la Révolution et les élections du 23 octobre 2011 qui aboutirent à l'arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahdha, commencèrent à planer les menaces sur les droits des femmes: attaque contre les mères célibataires par Souad Abderrahim (députée d'Ennahdha) ainsi que des enfants naturels (appelés «luqata'» par Rached Ghannouchi) et tentative d'inscrire la chariâ dans la constitution et de réduire la femme à son statut de «complément de l'homme».
Par ailleurs, au vu de la dernière version du projet de Constitution, exposé lors de la consultation du 19 janvier 2013 à la Maison de Tunisie à Paris, on ne peut que s'inquiéter pour les droits des femmes.
En effet, on refuse d'y inscrire l'universalité des droits humains. On y affirme dans l'article 16 que «le droit à la vie est un droit essentiel» et qu'il «ne peut lui être porté atteinte que dans des cas fixés par la loi», ce qui pourrait remettre en cause le droit à l'avortement et aux femmes, de disposer de leurs propre corps.
Tous ces thèmes seront au centre des discussions lors de la rencontre-débat de Nida Tounes France Nord.
Ce sera une occasion pour dresser un état des lieux des droits des femmes en Tunisie, de pointer les manquements et d'alerter contre les possibles régressions qui guettent les femmes dans la Tunisie postrévolutionnaire.
«Un cahier de doléances sera mis à la disposition des présent(e)s, pour y transcrire leurs recommandations et revendications, que les militantes et les militants de Nida Tounes France Nord se chargeront de transmettre aux dirigeants nationaux», expliquent les organisateurs dans un communiqué.
I. B. (avec communiqué).