Les dirigeants d'Ennahdha vont avoir beaucoup de mal à gérer leurs nouveaux alliés du mouvement Wafa et, surtout, leur leader Abderraouf Ayadi: plus révolutionnaire que lui, tu meurs!

Les Nahdhaouis, qui se semblent pas très pressés d'assainir les rouages de l'Etat (qu'il s'agisse de la police, de la justice ou de l'administration publique), vont avoir du fil à retordre avec leurs nouveaux alliés du Wafa.

Le leader de ce parti, Abderraouf Ayadi, qui a appelé récemment au jihad sous la coupole de l'Assemblée nationale constituante (Anc), est un Zorro comme on n'en fait plus de nos jours. Si on le laissait faire, il pourrait exiger que l'on envoie tous les «azlems» en prison, tant il semble nourrir une haine immense pour tous ceux qui ne sont pas de son camp. Sa défense des Ligues de protection de la révolution (LPR), milices violentes au service d'Ennahdha, ainsi que des salafistes jihadistes, trahit une tentation extrémiste qui ne demande qu'à être mise à l'épreuve.

Et dire que cet aimable chasseur de «contre-révolutionnaires» va siéger bientôt au gouvernement. Bonjour les dégâts!

La reddition des comptes avant tout

M. Ayadi nous donne déjà un avant-goût, de ses querelles homériques avec ses prochains alliés nahdhaouis. Le président de Wafa, a ainsi déclaré, dimanche, que son mouvement est plutôt favorable à «un gouvernement de correction du processus de la révolution». Selon lui, le gouvernement sortant, dirigé par Hamadi Jebali, était «basé sur des considérations partisanes et sans un programme clair en relation avec le parachèvement du processus de la révolution».

M. Ayadi, qui parlait au cours d'un meeting à Monastir, consacré à la présentation des orientations et des positions de son parti sur les questions d'actualité, a affirmé, par ailleurs, que le parachèvement de la rédaction de la nouvelle constitution et les futures élections ne constituent pas une priorité pour son parti, qui place la reddition des comptes et la réforme de la gouvernance au premier rang de ses préoccupations.

«L'édification d'un système démocratique passe d'abord par la reddition des comptes», a-t-il souligné, ajoutant que «la révolution a ouvert la voie à l'instauration d'un Etat démocratique et l'édification d'une économie nationale et non d'un système économique dirigée par des familles».

Il s'agit, a-t-il poursuivi, d'un projet de réformes basé sur le démantèlement du système de corruption, l'éradication de la dictature et la mise en place de nouvelles institutions.

Le président du mouvement Wafa a, par ailleurs, fait remarquer que le peuple a besoin d'une justice d'Etat et non de la justice d'un régime, affirmant que la situation de la justice ne cesse de se dégrader et que des médias tentent, selon lui, de trancher des affaires qui sont du ressort du pouvoir judiciaire.

Des habitants de Monastir ont observé un sit-in de protestation en même temps que le meeting, estimant que le président de Wafa avait insulté, selon eux, le leader Habib Bourguiba et qu'il «essaye de diviser les Tunisiens». Ils ont également expliqué que Abderraouf Ayadi refuse la neutralité des ministères de souveraineté, se demandant comment peut-il, dans ce cas, initier un processus démocratique et parler de justice indépendance.

I. B. (avec Tap).