Ali Larayedh-Hamadi Jebali-Rached Ghannouchi

Le prochain gouvernement de coalition pourra t-il tenir le cap pendant 100 jours? La question est de savoir si les Tunisiens pourraient tenir encore 100 jours avec un gouvernement aussi irresponsable qu'incompétent.

Par Fadhel Ben Jbara*

Alors que la date du remaniement est sans cesse repoussée et que les tergiversations et la langue de bois pratiqués par des politiciens peu scrupuleux et trop bavards pour être honnêtes, la confiance à l'égard des partis politiques ne fait que diminuer au fil des jours car plus personne n'est dupe.

Pension de retraite : enjeu majeur

L'intérêt supérieur de la nation évoqué sans cesse cache sans nul doute des calculs beaucoup plus personnels liés au désir d'obtention de la pension de retraite et de la prévention contre des poursuites en justice en cours. Népotisme, favoritisme, immunité et maintien du contrôle des rouages de l'Etat constituent la face cachée du remaniement.

La loi tunisienne octroie une pension de retraite à tout ministre ayant exercé pendant au moins deux années. On comprend dès lors l'attachement à leurs postes des ministres sortants Noureddine Bhiri (Justice), Rafik Abdessalem (Affaires étrangères), gendre de Rached Gannouchi), Abdelwaheb Maâtar (Emploi et Formation professionnelle), Slim Ben Hmidène (Domaines de l'Etat et Affaires Foncières) et Sihem Badi (Affaires de la femme et de la famille). Celle-ci n'a t'elle pas déclaré que la démission du chef du gouvernement sortant Hamadi Jebali est une victoire pour son parti d'adoption, le Congrès pour la République (CpR), Mme Badi étant, comme tout le monde le sait, militante d'Ennahdha jusqu'à la veille des élections du 23 octobre 2011!

MINISTRES

Quatres ministres sortants qui cherchent à se caser dans le prochain gouvernement.

Un bouclier contre les ennuis en justice

La mutinerie que vient de connaître à la fois le CpR et le parti Ennahdha et qui a suivi le désir de M. Jebali de constituer un gouvernement de technocrates en dit long sur la prévalence des intérêts individuels sur tout le reste.

Nombreux ministres ont des ennuis graves avec la justice. Pour temporiser et s'immuniser, quoi de mieux que de continuer de faire parti du gouvernement, soit grâce à un portefeuille ou même sans portefeuille. MM Abdessalem, Bhiri et Mme Badi vont avoir un répit. Quant à la nomination attendue de Mohamed Abbou, elle coïncide avec la très probable levée de l'immunité de sa femme, Samia Abbou, poursuivie en justice pour diffamation par Béji Caïd Essebsi, leader de Nida Tounes, qu'elle a accusé, très légèrement, d'avoir trempé dans l'assassinat de Chokri Belaïd.

Une feuille de route bien garnie...

Au vu des indiscrétions qui sont connus de tous, on s'attend à revoir Abdellatif Abid (Education), Mohamed Ben Salem (Agriculture), Abdellatif Mekki (Santé), Moncef Ben Salem (Enseignement supérieur), Noureddine Khadmi (Affaires religieuses), Samir Dilou (Droits de l'homme et Justice traditionnelle), Abdelkerim Harouni (Transport), en plus des Bhiri, Abdessalem, Badi et... au sein du nouveau gouvernement en cours de constitution.

M. Abid va devoir lutter à plein temps contre la danse du Harlem Shake; Mme Badi aussi gaffeuse que lui va devoir se mobiliser contre les Femen et leurs seins nus et M. Bhiri pilotera à distance le ministère de la Justice.

Le prochain gouvernement pourra t-il tenir le cap pendant 100 jours?

On a de bonnes raisons d'en douter. La question est de savoir si les Tunisiens pourraient tenir encore 100 jours avec un gouvernement aussi irresponsable qu'incompétent.

* Ingénieur.