mongia souaihi 14 3 2Professeure à l'Institut des hautes études religieuses à l'Université Zitouna à Tunis, Mongia Souaihi fait l'objet de menaces contre sa personne allant jusqu'aux menaces de mort sur son lieu de travail.

 

Ce phénomène s'aggrave de jour en jour, face au silence complice des autorités et notamment du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dirigé par le très islamiste Moncef Ben Salem.

Il se trouve qu'à la suite de l'insurrection populaire de janvier, des professeurs et des intellectuels se trouvent soumis à des menaces à cause de leurs opinions, leur manière de pensée et aussi leur interprétation du Coran. Mme Souaihi en fait partie. Elle subit un harcèlement continu à l'Université Zitouna où elle enseigne.

«Au début, ce fut l'assaut de quatre étudiants m'accusant d'hérésie et d'athéisme. En outre, l'administration s'est montrée hostile à mon égard par son refus de me délivrer le programme de mes cours. J'ai pu finalement obtenir ce document en 2012. Et ce n'est que le 18 février 2013 que j'ai pu réintégrer ma salle de classe. Or, un étudiant s'est présenté ce jour-là au nom d'un groupe pour me signifier l'interdiction d'accéder à la salle sous menace d'agression allant même jusqu'à l'assassinat. J'en ai alors informé le directeur de l'Institut ainsi que le secrétaire général», raconte Mme Souaihi.

Quatre jours plus tard, l'organe officiel du mouvement islamiste Ennahdha a publié un article avec pour titre : «Mongia Souaihi peut-elle revenir à la Faculté de la charia?''. L'auteur va jusqu'à qualifier Mme Souaihi d'«ennemie de l'islam», ce qui est un appel évident à l'agression.

Le tort de Mme Souaïhi, au regard de ses détracteurs, c’est d’être l’une des rares islamologues femmes dans le monde arabo-musulman. Elle a fait une recherche sur tous les versets coraniques qui parlent de la femme.

Sa conclusion n’est pas très orthodoxe : dans toute l’histoire de l’islam, l’homme a toujours interprété les versets coraniques en donnant une dimension masculines du divin. Dans tous les versets, l’homme est présenté dans toute sa suprématie et la femme est dans une posture inférieure, explique-t-elle. La femme serait la moitié de l’homme, elle n’aurait pas le droit d’étudier, de travailler et d’avoir accès à la politique.

Mme Souaihi a essayé de revaloriser la figure de la femme, en se référant à la tradition islamique: de Khadija, l’épouse du prophète Mohamed, qui était professeure à sa manière, à Oum Salma, qui était une femme d’affaires et une politique, jusqu’aux femmes, activistes avant l’heure, qui se sont opposées au califes Omar Ibn El Khattab ou Mouaawi Ibn Abou-Sofiene.

I. B.