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Munathara a organisé, jeudi soir, à Gammarth, un débat télévisé et en ligne, sur le thème: «Est-ce que la devrait séparer la religion de l'État?», en présence du philosophe Youssef Seddik et du prédicateur islamiste Béchir Ben Hassen. Le débat était presque impossible...

Par Imed Bahri

Deux jeunes tunisiens ont pris part au débat, modéré par la journaliste Amina Ben Doua. Ils ont fait l'objet d'un vote en ligne parmi les 93 Tunisiens qui ont participé à «Musabaqat Munathara», une compétition de vidéos en ligne où ils peuvent exposer leurs arguments et points de vue sur le thème.

Le philosophe rationaliste et le prédicateur engoncé dans ses textes sacrés

La compétition en ligne (sur le site de Munathara, Facebook et YouTube) a été précédée par un cycle de formation sur les techniques de la communication directe pour 150 jeunes originaires de plusieurs régions du pays (Tunis, Sousse, Sfax, Djerba, Kef et Monastir). Seuls les jeunes voulant s'exprimer par des séquences ont participé à ce concours en ligne.

Le débat de jeudi soir était laborieux, difficile, parfois brouillon, et qui traduit la forte polarisation existant aujourd'hui en Tunisie entre l'islamisme politique, désormais au pouvoir, et les mouvements progressistes et laïques, confinés dans une opposition systématique. Et pas toujours porteuse alternative intelligible pour le public.

Initiative Munathara Tunisie 2

Le débat était presque impossible. Ce qui a rendu d'autant plus difficile la tâche de la modératrice Amira Ben Doua.

Entre le philosophe rationaliste (Youssef Seddik) puisant ses concepts dans la pensée universelle et le prédicateur engoncé dans ses textes sacrés et les exégèses des premiers siècles de l'islam (Béchir Ben Hassen), le débat était presque impossible. Ce qui a rendu d'autant plus difficile la tâche de la modératrice, qui a passé le plus clair de son temps à essayer d'interrompre les flux ininterrompus de paroles des uns et des autres. 

Il s'agit là d'une première en Tunisie. L'exercice, on l'a compris, a servi de tester le concept Munathara et de voir comment le développer et le généraliser dans le pays déclencheur du printemps arabe, qui ne brille pas par la sérénité de ses débats politiques. Loin s'en faut...

Munathara est un projet dirigé par une initiative de la société civile tunisienne et vise la réorientation des principes du débat chez les jeunes et l'amplification de la participation civique au discours public, en utilisant de nouvelles méthodes interactives.

L'initiative a organisé des cycles de débats politiques pour les jeunes dans plusieurs capitales du monde arabe. Depuis son lancement il y a deux ans, elle est soutenue par des partenaires internationaux tels que la Fondation Konrad Adenauer, CNN International, l'organisation IREX, USAid et le ministère des Affaires étrangères allemand.

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Le public présent participe en posant des questions aux débatteurs invités.

Débats réguliers sur des sujets d'intérêt publique

Forum basé à Tunis dont le but est de favoriser la culture de débat dans le monde arabe, Munathara organise des débats réguliers en ligne et en direct sur des sujets d'intérêt publique.

Elle vise à créer un forum de débats indépendants, innovants, justes et représentatifs auquel tout le monde peut participer et exprimer ses opinions, quel que soit leur statut social, sexe, éducation, etc.