Noureddine Bhiri Ali Larayedh TunisieLe collectif de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaid va poursuivre en justice les anciens ministres de l'intérieur, Ali Lârayedh, et de la Justice, Noureddine Bhiri.

Selon le porte-parole du collectif, Nizar Senoussi, cette décision a été prise par la famille du défunt et le Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), en réaction aux «manquements» du ministre de la Justice, qui n'avait pas alerté le parquet après les menaces de mort claires proférées contre Chokri Belai.

Dans une déclaration, vendredi, à l'agence Tap, Me Senoussi a ajouté que ces menaces sont documentées dans des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.

Les poursuites contre l'ancien ministre de l'Intérieur – et actuel chef du gouvernement – sont motivées par le fait que son département n'a pas fourni la protection nécessaire à Chokri Belaid, malgré le message envoyé par le Conseil de l'ordre des avocats au ministère de l'Intérieur pour lui signaler ces menaces, a aussi indiqué l'avocat.

Concernant l'avancement des investigations dans cette affaire, Me Senoussi a relevé plusieurs points d'interrogation du fait que le collectif de défense n'a pas reçu communication du dossier technique de l'affaire, qui contient une liste des conversations téléphoniques et des enregistrements des caméras de surveillance, ainsi que le rapport balistique.

La défense s'interroge, aussi, sur le lieu du crime qui n'a pas été isolé, durant au moins un ou deux jours, et la non mise sous-séquestre de la voiture dans laquelle Chokri Belaïd avait été abattu, ce qui a pu entraîner la disparition de certains indices.

«La défense ne dispose pas non plus d'informations sur la manière dont a réagi le poste de police le plus proche du lieu du crime et les patrouilles en service, le 6 février, jour de l'assassinat», a fait aussi remarquer l'avocat, relevant une défaillance concernant la voiture sans plaque d'immatriculation utilisée pour commettre le crime, et qui, selon lui, serait connue des services de sécurité du fait qu'elle avait été utilisée lors des événements de l'ambassade américaine, le 14 septembre 2012, photos à l'appui.

Ces défaillances ne permettent pas de conduire l'affaire sur des bases légales, a estimé Me Snoussi.

I. B. (avec Tap).