ghannouchi 16 3Le président du mouvement Ennahdha a démenti les informations médiatiques selon lesquelles son mouvement disposerait d'un appareil de sécurité parallèle au ministère de l'Intérieur.

«Les informations laissant croire à une mainmise du mouvement Ennahdha sur les rouages et organes du ministère de l'Intérieur et à l'existence de structures sécuritaires parallèles fonctionnant pour son compte relèvent de l'affabulation destinée à polluer le climat politique et à alimenter les craintes des Tunisiens», a déclaré Rached Ghannouchi, au cours d'une conférence de presse, vendredi, au bureau local de mouvement à la Cité Ettadhamen, à Tunis.

Tout en indiquant que son mouvement envisage de saisir la justice de telles accusations pour y mettre fin, M. Ghannouchi a réitéré le rejet total, par son mouvement, «de la violence d'où qu'elle vienne et quel que soit son auteur».

Il a en outre émis l'espoir que l'institution sécuritaire parvienne, dans les plus brefs délais, à démasquer le meurtrier du dirigeant du Front populaire, Chokri Belaïd, afin que, dit-il, «ce crime cesse d'être une source de surenchères», estimant que «le ciblage de Chokri Belaïd est un message de menace à l'adresse de tous les politiques».

Bien entendu, les Tunisiens sont tenus de le croire sur parole, au moment où des militants de son parti, au sein des tristement célèbres Ligues de protection de la révolution (LPR) s'attaquent aux meetings et sièges des partis de l'opposition et de l'Ugtt. Et où des investigations médiatiques sérieuses soulignent l'existence de liens avérés entre certains activistes islamistes proches d'Ennahdha et les violences que connaît le pays, y compris l'assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd, le 6 février dernier.

Sur un autre plan, depuis le temps que M. Ghannouchi et les autres dirigeants d'Ennahdha menacent de saisir la justice contre les médias, qui pointent certains abus ou pratiques douteuses de son parti, Ennahdha aurait déjà des centaines de plaintes en cours d'instruction devant les tribunaux tunisiens, ce qui n'est pas évidemment le cas.

Les menaces de procès contre les médias n'impressionnent plus personne. Elles démontrent, en revanche, qu'Ennahdha a du mal à convaincre une opinion publique de mieux en mieux informée.

I. B.