Le professeur Mohamed Talbi n'a pas été autorisé à créer une Association internationale des Musulmans coraniques. Rached Ghannouchi était pour beaucoup dans cette interdiction, qui déshonore le gouvernement Ennahdha?
Ce que l'on sait c'est que l'association non autorisée vise à revenir à la source de l'islam, c'est-à-dire Coran, et à rompre avec les préceptes de la chariâ, fruit d'interprétations antérieures.
L'association se veut rationaliste et se donne pour mission d'œuvrer pour le renouveau de l'esprit islamique par la modernité, la rationalité et le progressisme. Elle se donne aussi pour mission de combattre intellectuellement le salafisme qui prône la violence et la régression. Autant dire qu'elle a tous les atouts pour... déplaire à Rached Ghannouchi, président (et gourou) du parti islamiste au pouvoir.
On sait aussi que l'islamologie Mohamed Talbi a toujours exprimé des doutes sérieux sur la sincérité de la conversion de Rached Ghannouchi à la démocratie et a affirmé, dans l'émission ''Chahed Wa Chawahed'', diffusée il y a deux ans sur la chaîne publique Watania 1, que le leader islamiste demeure foncièrement un salafiste.
«On dit que cet homme a évolué, mais j'ai des doutes concernant son évolution. Il a évolué du rejet total la démocratie à l'appel à la démocratie. Je considère que cet appel n'est pas sincère, parce qu'il (Ghannouchi, Ndlr) est salafiste. Et le salafisme et la démocratie ne se rencontrent jamais», a dit M. Talbi. Avant de lancer cet avertissement à à M. Ghannouchi: «Fais gaffe de ne pas appeler à la violence. Dis tout ce que tu veux, mais n'appelle pas à la violence. Car la violence ne saurait être justifiée».
Ce sont ces critiques frontales qui semblent avoir hérissé M. Ghannouchi. Et qui expliquent, en grande partie, le refus d'autoriser l'association de M. Talbi.
I. B.
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