Des dizaines de manifestants en colère se sont rassemblés, lundi, devant le ministère des Affaires de la femme et de la famille pour crier «Dégage!» à Sihem Badi, principale responsable des malheurs des enfants tunisiens.
Par Zohra Abid
En attendant le grand rassemblement du mercredi à 15 heures à l'avenue Habib Bourguiba, annoncé par des représentants de la société civile, une centaine de citoyen(ne)s, en colère, se sont donné rendez-vous, aujourd'hui, devant le siège du ministère des Affaires de la femme et de la famille appelant à la démission de Sihem Badi, la ministre en poste, qui ne fait pas grand-chose pour assurer la protection de la femme et de la famille, et surtout des enfants.
Les manifestants protestent contre Siem Badi qui ne fait pas grand-chose pour assurer la protection des enfants.
«Waziret el-âmala»
Le rassemblement, annoncé hier sur les réseaux sociaux, a commencé vers 11 heures avec une centaine de personnes devant le bâtiment du ministère, à la rue d'Alger, au centre-ville de Tunis.
Des dizaines d'hommes et de femmes criaient à la démission de «waziret el-âmala» (ministre vendue) ou encore «Ettounssia horra horra et Badi âla barra» (la Tunisienne est libre et Badi dehors); «Vous avez foutu en l'air notre enfance»... Parmi les manifestants, le père de la petite de 3 ans violée par le gardien d'un jardin d'enfants à la Marsa, drame dont l'annonce, samedi, par les médias, a provoqué une vive émotion dans tout le pays.
La ministre des Affaires de la femme et de la famille, selon des sources, se trouvait au même moment dans son bureau, en réunion avec ses conseillers pour trouver une issue au problème des viols répétés des enfants. Selon d'autres, elle devait partir à Doha, au Qatar, avec le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, pour participer à la session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe (les 26 et 27 mars), mais elle a dû se décommander en dernière minute. Elle avait, il est vrai, mieux à faire au pays que de faire du tourisme avec son désœuvré de président.
Sihem Badi ne fait rien pour protéger les petites filles auxquelles ont impose le hijab et, peut-être, demain le "nikah al-moutaâ'' (mariage de plaisir), préconisé par les prédicateurs wahhabites amis de Rached Ghannouchi.
La ministre la plus contestée
Sihem Badi avait mis en colère beaucoup de ses compatriotes en faisant des déclarations aux médias où elle plaidait l'innocence de la directrice du jardin d'enfants où le drame s'était produit. «Le viol a eu lieu en dehors de l'enceinte du jardin d'enfants qui respecte les normes et le gardien n'a rien à voir avec la petite qui a été violée par quelqu'un de son entourage», a en effet affirmé la ministre. Aussitôt, démentie par la maman de la petite, citant les rapports des médecins et les conclusions de l'enquête de police, le gardien en question ayant été arrêté et mis en détention. Mais aussi par la Chambre nationale des jardins d'enfants, qui a indiqué que la directrice du jardin d'enfants concerné n'a pas fourni les pièces conformes aux exigences du métier et travaille donc dans l'illégalité.
Sihem Badi, rappelons-le, n'est pas à une bourde près. Cet ex-Nahdhaouie, qui a rejoint le Congrès pour la République (CpR) la veille des élections du 23 octobre 2011 – le parti islamiste, fidèle à sa stratégie d'entrisme, s'est arrangé pour remplir les listes électorale du parti de M. Marzouki –, était l'un des ministres les plus contestés du précédent gouvernement Jebali avant d'être repêchée par le gouvernement Lârayedh. Ses interminables plaidoyers en faveur d'Ennahdha sont, on l'imagine, pour beaucoup dans cette confiance renouvelée.
Parmi les mauvais antécédents de Mme Badi : elle n'a rien fait pour faire fermer les jardins d'enfants créés illégalement et tenus par des extrémistes religieux imposant même le port du niqab par les petites filles.