khaled kobbi 26 3L'entrepreneur Khaled Kobbi, incarcéré depuis deux ans dans des affaires de corruption, est l'un des rares (très rares) hommes d'affaires liés à l'ancien régime à être poursuivi par la justice tunisienne. Pourquoi?

Par Imed Bahri

M. Kobbi est loin d'être un enfant de chœur. Il n'est pas non plus un bouc-émissaire, comme se plait à le qualifier son avocate Radhia Nasraoui. C'est un homme qui était impliqué dans le système de corruption mis en place par l'ancien régime et il en a profité. Cela est de notoriété publique. Mais était-il seul dans ce cas? Pourquoi doit-il payer, alors que d'autres, beaucoup d'autres, par un curieux miracle, ont pu échapper jusque là à la justice? Où sont passés les centaines de dossiers de corruption remis à la justice par feu Abdelfattah Omar et sa fameuse Commission nationale d'investigation sur la corruption et de malversation (Cnicm)? Pourquoi n'ont-ils pas été instruits? Qui a décidé de les égarer dans les méandres de la bureaucratie judiciaires et, surtout, pourquoi? Y a-t-il eu des arrangements de coulisses sur le dos du peuple tunisien?

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"Khaled Kobbi ne payera pas pour les fautes des autres", dit la banderole exhibée par des employés des entreprises Khaled Kobbi.

Le gouvernement de la «troïka» et le parti Ennahdha, souvent prompts à chercher des Rcdistes là où il n'y en a pas, ne seraient-ils pas plus inspirés de laisser ouvrir les vrais dossiers de la corruption? S'ils le faisaient, ils seraient plus crédibles aux yeux des Tunisiens.

L'affaire Kobbi est une feuille de vigne judiciaire qui ne cache malheureusement plus rien. Elle trahit, plutôt, et dénonce le laxisme du nouveau pouvoir et son manque d'empressement à juger les corrompus de l'ancien régime, qui bénéficient jusque là d'une inexplicable impunité. Certains parlent de mansuétude voire même de sollicitude! Va-t-on reprendre les même pour recommencer? La dictature en Tunisie est-elle un éternel retour?

Aux dernières nouvelles, la chambre criminelle au tribunal de première instance de Tunis a décidé, lundi, de reporter l'examen de l'affaire de Khaled Kobbi au 15 avril prochain, tout en exigeant, pour sa libération conditionnelle demandée par ses avocats, une somme de 24 millions de dinars. Cette somme a été jugée exorbitante par les avocats, qui ont évoqué la possibilité de la remplacer par des garanties matérielles, comme les biens immobiliers.

I. B.