FSM Tunisie

C'est dans une ambiance festive que des associations et organismes du monde entier se sont rassemblés, aujourd'hui, à l'Avenue Habib Bourguiba à Tunis, pour l'ouverture du Forum Social Mondial 2013, tenue pour la première fois en Tunisie.

Par Yüsra N. M'hiri (avec Tap)

L'avenue «de la révolution» était aujourd'hui pareille à une fourmilière riche en couleurs. Des dizaines de milliers de gens venus du monde entier, chacun sa banderole, son cri, sa problématique et son militantisme, ont fait une marche splendide, sur plusieurs kilomètres, de la Place des droits de l'homme, au centre-ville de Tunis, à la Cité des sports d'El-Menzah, oùils sont arrivés vers 17 heures.

FSM Tunisie Basma Khalfaoui

Basma Khalfaoui et le Front populaire: "Qui a tué Chokri Belaïd?"

Un bol d'oxygène pour le tourisme

Dans une ambiance festive, la procession a parcouru l'Avenue Mohamed V et Place pasteur, brandissant des slogans contre le capitalisme, le mondialisme et l'endettement. Des slogans clamant l'attachement à la libération de la Palestine, à la justice sociale, aux droits des femmes, des chômeurs et des émigrés et appelant à une meilleure prise en charge des catégories marginalisées à travers le monde ont, également, été lancés tout au long de la marche.

Au premiers rangs, des personnalités de renommée internationale parmi les défenseurs des droits humains, des syndicalistes et des figures politiques dont Nabil Chaâth, ancien ministre palestinien des affaires Etrangères, et Salah Salah, membre du Front démocratique pour la libération de la Palestine.

La marche était entourée d'une forte présence médiatique et d'un dispositif de sécurité étoffé. Les représentants des associations ont animé l'événement par des tableaux de danse inspirés du patrimoine tunisien et africain.

Selon un membre du comité d'organisation, Moheddine Cherbib, le nombre des participants à cette marche a dépassé, de loin, les 50.000, venus de 127 pays. Concernant la participation algérienne, il a précisé que 120 membres représentants des organisations de défense des droits humains et des associations pour sans-emploi sont déjà arrivés.

Le responsable a ajouté que 120 autres, parmi des activistes des droits de l'homme, des militants, des indépendants et des syndicalistes ont été empêchés par les autorités algériennes d'entrer en Tunisie.

Environ 500.000 palestiniens participent à cette édition qui accorde un intérêt particulier à la cause palestinienne, a relevé M. Cherbib.

La réussite de cet événement réside dans le fait que des milliers d'hommes et de femmes, animés de différentes motivations, mais animés des mêmes principes de liberté, de démocratie et de justice, ont marché côte-à-côte, ou plutôt ensemble, dans la joie et la bonne humeur, symbolisant ainsi l'unité de destin de l'humanité entière.

Une seule voix, des messages multiples

Des Européens, des Américains, des Asiatiques, des Africains, des Arabes, des Maghrébins, mais aussi Tunisiens de toute la Tunisie, de droite et de gauche, aux appartenances religieuses différentes, de tous milieux sociaux, ont «envahi» l'avenue Habib Bourguiba dès le milieu de la matinée dans le but de faire part de leurs revendications.

FSM Tunisie Front populaire

Les jeunes du Front popualire: "Qui a tué Chokri Belaïd?"

Basma Khalfaoui, veuve du martyr Chokri Belaid, était présente, entourée de manifestants du Front populaire. Le slogan désormais récurrent «Qui a tué Chokri?» a été repris d'une seule voix par l'immense foule.

Et dans ce tohu-bohu, on a même entendu des slogans appelant au jihad, perdus dans la masse des cris lancés de tout part. Des jeunes Tunisiens ont scandé: «Palestine, nous arrivons, nous viendrons à ta rescousse, nous y laisserons nos vies si il le faut». Ils manifestaient aux côtés d'Irakiens venus célébrer la mémoire de ce qu'ils appellent «le héros et martyr Saddam Husseïn».

FSM Tunisie Irakiens

Des Irakiens évoquent la mémoire du "héros" Saddam Hussein.

Des Egyptiens pour la révolution permanente 

Une cinquantaine de militants égyptiens, rassemblés vers 14 heures à l'avenue Bourguiba, près de l'Horloge, criaient que la révolution égyptienne n'est pas terminée, qu'elle a été volée par les islamistes et qu'une guerre civile est en train de s'installer dans leur pays.

Selon eux, l'impasse sociopolitique égyptienne actuelle est ouverte à toutes les issues et à tous les dangers, mais ils assurent ne plus avoir peur, car c'est leurs droits et leurs vies mêmes qui en dépendent: «Irhal ya kharouf, nahna nassina kelmet el khouf» (Dégagez les moutons, nous avons oublié le sens du mot peur), criaient-ils.

FSM Tunisie militants égyptiens

Les Egyptiens préviennent les Tunisiens contre les tentations de la division.

Au passage, n'ont pas manqué, s'adressant aux Tunisiens venus discuter avec eux de la situation dans leur pays, de les prévenir contre la division du peuple et les ont appelés à rester unis, car seule la solidarité face à l'obscurantisme pourrait sauver une nation qui a fait une révolution pour la liberté et la dignité.

Pour le ministre des Affaires sociales, Khalil Zaouia, qui s'exprimait mardi lors d'un point de presse au Palais de la Kasbah,le FSM donnera la nouvelle image de la Tunisie post-révolutionnaire. Il a rappelé que tous les moyens sécuritaires, logistiques et matériels ont été réunis pour réussir cet événement international auquel participent près de 70.000 personnes et 700 journalistes étrangers.

Une bonne organisation du forum sera sans doute profitable pour l'économie et le tourisme, a-t-il encore relevé. Des activités culturelles ont été prévues en marge de la manifestation comportant des excursions dans plusieurs régions du pays. Une enveloppe de 3,5 millions de dinars a été mobilisée pour le réaménagement du campus universitaire d'El Manar pour abriter les travaux du Forum, a encore indiqué le ministre, ajoutant que plus de 10.000 lits ont été réservés dans les différents foyers universitaires et 363 salles ont été aménagées dans les collèges et lycées pour accueillir les participants. Par ailleurs, 150 lits sont mis à la disposition des personnes handicapées au Centre de réadaptation professionnelle des insuffisants moteurs et des accidentés de la vie et à l'association Basma de protection des handicapés à Gammarth.

En réponse à une question concernant le vol, samedi, par un chauffeur de taxi, de deux Brésiliens qui venaient d'arriver à Tunis pour participer au Forum, le ministre a assuré que le coupable est entre les mains de la police, précisant que les forces de l'ordre s'emploient à garantir le bon déroulement de cet évènement international.

M. Zaouia a par ailleurs indiqué que le gouvernement soutiendra les recommandations qui seront issues du Forum.