Hamza Ben Rejeb, le jeune handicapé moteur, parti début mars en Syrie pour le jihad et rentré au pays une semaine après, donne une autre version des circonstances de son voyage, se disant convaincu par la nécessité du jihad.
Invité jeudi soir sur la chaîne publique Watania 2 (sa première apparition médiatique depuis son retour de Syrie), il a contredit les déclarations de son père et de son frère Ikbel, il y a une semaine, sur Ettounissia TV.
Un jihadiste qui s'assume
Selon Hamza Ben Rejeb (24 ans le 20 mars dernier), étudiant en informatique, personne ne lui a fait un lavage de cerveau pour l'inciter à aller au jihad en Syrie.
«Depuis le régime Ben Ali, j'étais déjà dans la mouvance islamiste et j'y crois fermement. J'ai pu économiser 1 million de millimes pour pouvoir prendre la route avec un ami qui a des connaissances en Syrie, avec lesquelles il a coordonné le voyage, via une voiture de louage jusqu'en Libye. Nous avons pris par la suite l'avion vers la Turquie avant d'arriver à Antakya puis Edleb où nous avions été très bien accueillis par Jibhat Ennosra. Et tout ce qui a été dit dans les médias est faux, c'est des rumeurs», a précisé Hamza.
Selon lui, il n'est pas parti via un réseau organisé. Tout ce qui a été dit à ce sujet serait faux. Là où il a séjourné pendant une semaine, il n'y avait que des garçons. Ils venaient des USA, de France, de l'Algérie, de Tunisie, du Maroc..., et ce sont des professeurs, des médecins, venus tous pour le jihad.
«On peut faire du jihad sans porter des armes. Il n'y avait pas une seule fille là où j'étais. Il n'y avait que des garçons. Il n'y a pas de ''jihad nikah'' (ou prostitution halal pour la bonne cause, Ndllr), au moins d'après ce que j'ai vu du moins chez Jibhat Ennosra. Dans les autres camps, je n'en sais rien. Dans leur quotidien, les jihadistes à Edleb, une zone calme, jouent au foot et mènent un rythme normal... et ils sont tous contents. Il n'y a pas de violence à l'encontre des Tunisiens, comme le racontent les médias, et je n'étais pas là pour faire un attentat suicide», a encore indiqué Hamza, qui a profité de l'émission télévisée pour faire l'apologie du jihad en Syrie, présenté presque comme une promenade de santé, une belle excursion en somme, qu'on inscrirait bientôt dans les guides de voyages pour touristes en quête d'émotions fortes.
Les ambiguités d'Abou Iyadh
Interrogé sur les propos de Abou Iyadh, niant que son groupe salafiste jihadiste Ansar Al-Chariâ ait participé au jihad en Syrie, Hamza Ben Rejeb a une autre lecture: «Il a toujours déclaré que le jihad est dans la chariâ, et que, pour le moment, il vaut mieux ne pas aller en Syrie, mais il précise aussi : ''Si vous voulez suivre le prophète, vous êtes libres. Le prophète a appelé au jihad''».
D'où, donc, selon lui, une certaine ambiguïté dans la position du leader jihadiste tunisien, en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, le 14 septembre dernier.
Hamza Ben Rejeb a précisé qu'il aurait aimé rester en Syrie, mais on lui a conseillé de rentrer au pays, car, explique-t-il, «ma santé, selon eux, ne me le permet pas. Je n'ai vu que des personnes généreuses et accueillantes. J'ai eu un petit accident en tombant de ma chaise, on m'a pris en charge et des médecins m'ont vite soigné».
Tout en affirmant qu'Edleb, où il a séjourné pendant une semaine, est une ville calme, qu'il n'y a ni bombes ni combat et que les jihadistes mènent un rythme normal en jouant même au foot, Hamza Ben Rejeb a appelé à voler au secours des «Syriens qui vivent l'enfer. Il y a des boucheries tous les jours, des génocides».
L'apprenti jihadiste a tenu à préciser, en guise de conclusion, que les médias, que son frère a remerciés pour avoir aidé à son retour au pays, n'ont rien à voir avec son histoire. Et pour cause : «avant que mon frère ne fasse un appel via les médias, j'étais déjà en contact avec ma sœur et mon retour était programmé».
Z. A.