Le ministère de l'intérieur a intercepté dernièrement un appel téléphonique entre un détenu salafiste purgeant une peine à la prison de Mornaguia et le leader salafiste jihadiste Abou Iyadh, en fuite depuis l'attaque de l'ambassade US à Tunis, en septembre dernier.
La direction de la prison, qui a été alertée par le ministère de l'Intérieur, a procédé à la fouilles des cellules afin d'identifier l'interlocuteur d'Abou Iyadh.
Selon l'hebdomadaire ''Akher Khabar'', qui a rapporté l'information, une lettre a également été interceptée par un gardien de la prison. Un détenu salafiste souhaitait l'envoyer en deux copies, l'une à Abou Iyadh et l'autre à Rached Ghannouchi.
Le lien mis par le prisonnier entre le chef salafiste et celui d'Ennahdha, parti islamiste au pouvoir, est pour le moins troublant.
La direction de la prison et le ministère de l'Intérieur préfèrent garder secrets sur les contenus de la conversation téléphonique et de la lettre, ainsi que sur les résultats de l'enquête menée à ce sujet à la prison de Mornaguia.
Abou Iyadh, , de son vrai nom Seif Allah Ben Hassine, prédicateur salafiste prônant le jihad et chef du mouvement Ansar Al-Chariâ, proche d'Al-Qaïda, avait déclaré que les jeunes Tunisiens devaient se préparer au jihad dans leur propre pays au lieu d'aller en Syrie. On lui reproche plusieurs prêches ponctués d'incitations à la haine et d'appels à la violence. Il avait également insulté, à plusieurs reprises, l'actuel chef du gouvernement Ali Lârayedh, du temps où il était ministre de l'Intérieur. Il a, enfin, menacé le gouvernement de le faire dégager par la violence... Raisons pour lesquelles il est recherché par la police.
Reste que les Tunisiens s'étonnent de l'incapacité montrée par les autorités à mettre la main sur le fuyard. Abou Iyadh, localisé à plusieurs reprises, a pu, à chaque fois, s'échapper, sans que l'on comprenne comment. Et si la police, pour des raisons inavouables, préférait le laisser libre?
Par ailleurs, le fait qu'il puisse avoir une conversation téléphonique avec un salafiste en prison est un indicateur éloquent de la gabegie qui règne dans le milieu carcéral tunisien.
Y. N. M.