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Un rassemblement de quelque milliers de militants de la gauche a eu lieu aujourd'hui entre midi et 13 heures devant le ministère de l'Intérieur. Pour rappeler aux autorités à ne pas enterrer l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd.

Par Zohra Abid

 

Des groupes d'hommes et de femmes, syndicalistes et partisans du Front populaire, se sont donné rendez-vous, comme tous les mercredis, à l'avenue Habib Bourguiba, au niveau du ministère de l'Intérieur, pour exprimer leur colère face au laxisme du gouvernement qui ne fait rien pour arrêter l'assassin présumé de Chokri Belaïd, et les commanditaires de cet assassinat politique.

Les slogans habituels hostiles à Ghannouchi

Les manifestants ont, une heure durant, scandé des slogans habituels, hostiles au gouvernement, mais surtout à Rached Ghannouchi, chef d'Ennahdha, parti au pouvoir : «Akid, akid, Ghannouchi qatal Belaïd» (Sûr, sûr, Ghannouchi a tué Belaïd), «Ya Ghannouchi ya saffah, ya qattel laroueh» (Ghannouchi tortionnaire et assassin), «Ya Hachad, Ennahdha baêt lebled» (Ô Hachad, Ennahdha a vendu le pays) ou encore «Ya chahid âla darbek sanassir» (Martyr, nous suivrons tes pas)...

«Il était le seul à dire la vérité en face. C'est parce que les islamistes ont senti qu'il a découvert leur vrai projet, leur complot contre l'Etat et contre le peuple, qu'ils l'ont achevé. Il disait son mot directement et ils ont senti qu'il est le seul à pouvoir vraiment les démasquer. Il les a vraiment dérangés, et c'est pour cette raison qu'on l'a assassiné», a déclaré l'un des militants présents à Kapitalis.

57 jours après l'assassinat, l'homme, les yeux larmoyés, n'arrive pas à contenir sa tristesse.

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Chaque mercredi, les Tunisiens manifestent devant le ministère de l'intérieur pour exiger la vérité sur la mort de Chokri Belaïd. Ils n'ont pas dérogé à la règle en ce mercredi 3 avril 2013.

«Qu'ils sachent que notre leader n'est pas mort»

Un autre manifestant a rappelé à la foule le grand rassemblement qui devrait avoir lieu demain : «Venez nombreux demain à la Kasbah. Nous n'allons pas lâcher et nous allons même passer à la vitesse supérieure car, avec ces gens là, il faut faire beaucoup de pression et, cette fois, ils ne vont plus nous avoir... Qu'ils sachent que notre leader n'est pas mort. Il vit en nous. Tous les jours, au réveil, c'était lui qui nous appelait pour nous donner des conseils...»

Un avocat quinquagénaire renchérit : «C'était l'avocat du peuple, le seul à ne pas avoir fait des calculs». Ses confrères sont décidés à faire l'impossible pour que la vérité soit un jour ou l'autre dévoilée, assure-t-il, lui aussi en colère et au bord des larmes.

Z. A.