Les salafistes vont lancer la guerre à tout le monde. Ennahdha a tourné le dos à ses électeurs et à ses principes qui l'ont conduit au pouvoir et il gagnera les prochaines élections et l'opposition fait de la figuration.
Ce diagnostic pour le moins inquiétant est fait, dans une longue interview au journal en ligne ''Ilaf'', par cheikh M'Barek Ben Mohamed Ben Salah Baâdech, leader des chiites en Tunisie et l'un des fondateurs d'Ennahdha avec Rached Ghannouchi, Abdelfattah Mourou, Ahmed Ennaïfer, Slaheddne Jourchi et Salah Karkar.
La base d'Ennahdha est instable sur le plan religieux, explique le cheikh Baâdech, qui ajoute: «Par contre, Ghannouchi a une bonne base religieuse, mais il n'arrive pas à transmettre son discours. Quant à M. Mourou, c'est un bon orateur et son discours passe beaucoup mieux».
Le cheikh semble, cependant, très déçu par ses frères ennemis d'Ennahdha. «Après avoir profité de nos voix (car nous avons estimé à l'époque qu'il est le seul parti proche à l'islam), Ennahdha n'a pas tenu ses promesses. Il s'est avéré qu'il n'a de l'islam que la forme, mais le fond est tout autre. D'ailleurs, en refusant d'inscrire la chariâ dans la constitution, il s'éloigne des principes de l'islam et sa position dans le conflit syrien inquiète... Ennahdha a préféré faire alliance avec la Turquie et l'Arabie saoudite. L'Iran, pour des raisons d'intérêts, ne l'intéresse plus», a relevé le cheikh chiite tunisien.
Le leader chiite tunisien fait notamment assumer Ennahdha le déclin social, économique et politique dans le pays. «Cela est dû à une stratégie non solide», dit-il.
Interrogé sur les salafistes, M'Barek Baâbech affirme qu'«ils sont autour de 10.000 mais très mobilisés et très dangereux. Ils ont confisqué plusieurs mosquées et agissent sans raisonner. Ils ont appris certes le Coran, mais ne sont pas des malékites et leur seul principe c'est de pratiquer la violence tout en refusant le dialogue. Ils ne pensent qu'à éliminer tous ceux qui ne partagent pas leur idéologie. Aujourd'hui, ils sont instrumentalisés par certaines forces qui se moquent d'eux», a précisé le dirigeant chiite, qui affiche son alliance avec le régime Al Assad et l'Iran.
En bon chiite, le cheikh ne rejette pas le mariage «môtaa» (ou de plaisir), mais il ajoute : «Si la société le rejette, il devient un pêché».
Et que pense-t-il du «jihad nikah» (jihad sexuel)? «Nous sommes contre», tranche-t-il.
Z. A.