Cela fait plus de deux mois que le rassemblement du mercredi à l'avenue Habib Bourguiba a lieu. C'est devenu une sorte de rituel, où les Tunisiens se rassemblent devant le ministère de l'Intérieur pour scander en chœur «Qui a tué Chokri?».

Par Yüsra N. M'hiri

Aujourd'hui encore, les partisans du Front populaire, famille et amis du défunt leader de la gauche, assassiné le 6 février, ou simple citoyens s'inquiétant de la lenteur des investigations relatives à ce crime, se sont rassemblés devant le ministère de l'Intérieur vers 12 heures, pour terminer leur manifestation devant le Théâtre municipal de Tunis, sur la même avenue Habib Bourguiba.

Ce neuvième rassemblement à la mémoire de Chokri Belaid est aussi une manière de mettre la pression sur le gouvernement provisoire afin qu'il accélère les investigations, élucide les circonstances du crime, arrête les auteurs et, surtout, leurs commanditaires, sachant que de graves présomptions pèsent sur des éléments proches du parti islamiste Ennahdha, au pouvoir.

Les photos des présumés auteurs du crime, publiées par le ministère de l'Intérieur, comme appel à témoin, n'ont pas, à vrai dire, rassuré les Tunisiens quant à la tournure que prend l'enquête. Certains y ont même vu de la poudre aux yeux, une tentative pour calmer les esprits enflammés par la lenteur de l'enquête.

«Le gouvernement est responsable de cet assassinat. Il veut gagner du temps et n'œuvre pas suffisamment pour faire arrêter les vrais coupables, car les partisans d'Ennahdha ont des choses à cacher», crie un homme accablé par le destin tragique du martyr Chokri Belaid.

«Nous ne lâcherons pas. Nous sommes aujourd'hui présents, et nous serons là tous les mercredis, jusqu'à ce que la vérité éclate, quitte à y laisser nos vies», ajoute-t-il, d'une voix où se mêlent détermination et tristesse.