L'hebdomadaire ''Akher Khabar'' a indiqué, dans son édition de mardi, que deux des suspects dans l'assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd, se trouveraient, actuellement, à Bani Oualid, en Libye.
Selon notre confrère Moez El-Bey, qui affirme détenir cette information d'une source proche de l'enquête, le tueur présumé, Kamel Gadhgadhi, le 6 février dernier, ne serait pas parmi les deux suspects repérés en Libye, grâce aux puces de leurs GSM tunisien et/ou libyen.
Ces informations, qui seraient connues des enquêteurs depuis le début de l'enquête, ont été diffusées quelques jours après la publication, samedi dernier, sur la page facebook officielle du ministère de l'Intérieur, des portraits des 5 suspects impliqués dans l'attentat et qui sont en état de fuite.
Il s'agit de Kamel Gadhgadhi, Ahmed Rouissi, Salmane Marrakchi, Marouane Belhaj Salah et Ezzeddine Abdellaoui.
Gadhgadhi, celui qui a tiré sur feu Chokri Belaid, originaire du gouvernorat de Jendouba (nord-ouest), était un brillant étudiant. Maîtrisant cinq langues, il avait même séjourné aux USA, pour poursuivre ses études avant d'en être expulsé, après l'attentat du 11 septembre, et de revenir en Tunisie pour adhérer à un mouvement religieux extrémiste.
Quant à Ahmed Rouissi (46 ans), qui est issu de la mouvance du salafisme jihadiste, il résidait dans le gouvernorat de Manouba et a beaucoup d'antécédents judiciaires. Il avait également été condamné à 14 ans de réclusion. Rouissi a participé à l'attaque contre l'ambassade des USA à Tunis en transportant les manifestants dans la même voiture qui servira, quelques mois plus tard, à la surveillance de Chokri Belaïd avant son assassinat, selon certaines sources.
Salmane Marrakchi (30 ans) est originaire du Kram. Il était très lié au propriétaire de la motocyclette utilisée le jour du drame.
Mohamed-Amine Gasmi, actuellement en état d'arrestation, fait également partie du courant salafiste.
Marouane Belhaj Salah (33 ans), qui est aussi originaire du Kram, était connu dans le milieu du commerce des voitures d'occasion.
Ezzeddine Abdellaoui (38 ans), était un agent de police avant d'être renvoyé en 2003 pour des raisons inconnues. Il a même été incarcéré à la prison de Mornaguia en 2005 dans le cadre du «dossier des salafistes du Kram».
Le porte-parole du collectif d'avocats de Chokri Belaïd, Nizar Snoussi, a déclaré à l'agence Tap, que les informations publiées par ''Akher Khabar'' paraissent avérées, eu égard au fait qu'aucune trace de la présence de ces deux accusés en Tunisie n'a été décelée.
Le collectif de défense demandera aux parties en charge de l'enquête sur cette affaire de se prononcer sur la véracité de ces informations, a ajouté le porte-parole, critiquant notamment le retard dans la publication des photos des accusés par le ministère de l'Intérieur.
Pour sa part, le journaliste et bloggeur, Ramzi Bettibi, a souligné que «des pourparlers sont en cours entre les autorités tunisiennes et libyennes pour l'extradition des dénommés Ahmed Rouissi et Kamel Gadhgadhi», ajoutant qu'il est «en possession d'informations en provenance de diverses sources concordantes sur la présence de ces deux individus sur le sol libyen».
Dans une déclaration à l'agence Tap, le journaliste a également précisé que les deux suspects, qui avaient quitté leur domicile le 6 février, date de l'assassinat de Chokri Belaïd, détiennent encore l'arme du crime ainsi qu'un enregistrement vidéo sur l'assassinat. Bettibi a aussi indiqué que le dénommé Ahmed Rouissi avait participé à la révolution libyenne et qu'il était recherché pour des affaires de drogue.
Selon certaines sources, Kamel Gadhgadhi serait un agent double infiltré dans les milieux salafistes jihadistes, ajoute le bloggueur, qui s'interroge sur les services de renseignement qui l'utilisent.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed-Ali Laroui, a quant à lui, refusé de se prononcer sur la véracité des informations concernant la présence des deux accusés en territoire libyen, précisant à l'agence Tap que le juge d'instruction est la seule partie légalement habilités à se prononcer sur cette affaire.
Or, ce juge d'instruction n'a jusqu'ici révélé aucun détail sur l'identité des accusés ni sur leur rôle dans l'assassinat de Chokri Belaïd, alors que le ministère de l'Intérieur s'est contenté de diffuser les photos des 5 suspects, appelant les citoyens à contribuer à leur recherche.
I. B. (avec Tap).