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La manifestation de la Ligue de protection de la révolution (LPR) du Kram devant le siège principal du parti Ennahdha, aujourd'hui, au quartier de Monplaisir, à Tunis, aura été bien timide. Il y avait plus de journalistes et de policiers que... de manifestants.

Par Yüsra N. Mhiri

On pouvait apercevoir Recoba (Mohamed Amine Agrebi de son vrai nom), bien looké, presque en «fashion victime» : lunettes de soleil italiennes Carrera, écharpe verte, montre vertes, tout cela assorti à ses espadrilles américaines Converse, vertes elles aussi.

L'organisateur du non-événement, Imed Dghij, l'un des chefs de la LPR du Kram, y était également venu, officiellement pour exiger le départ du parti au pouvoir, «grand traître de la révolution tunisienne» (sic!).

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Recoba se fait beau: la représentation peut commencer.

Va pour la petite comédie, qui n'aura pas amusé grand-monde («de la poudre aux yeux», dira un passant, goguenard). Les tensions étaient tout de même palpables et les policiers aux aguets. Quant aux membres du parti Ennahdha, leur unique souci était de maintenir les soi-disant manifestants à distance.

Les membres du LPR qui, pour la plupart, déjeunaient encore à la buvette d'en face (au frais de qui?), à l'heure du rendez-vous, se hâtaient lentement. Ils n'étaient pas plus d'une cinquantaine pour être généreux.

Certains n'appréciaient pas d'être photographiés. Lorsqu'un journaliste a voulu les prendre en photo en train de déjeuner, l'un d'eux, pourtant hors du cadre, s'est mis a crier: «Allez aussi les filmer quand ils iront aux toilettes, vous pourriez ainsi mieux les identifier»... Ce langage islamiquement peu correcte dénote l'état d'esprit qui règne parmi ses «frères». «C'est à se demander s'ils méritent qu'on en parle dans les médias», a commenté un confrère...

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Imed Dghij, autoproclamé "Rebel Of Kram'' : pour peu, il se prendrait pour James Dean ou le Che. 

Dans leurs slogans, les membres des LPR ont voulu exprimer leur désapprobation de la politique du mouvement Ennahdha qui ne représente plus, à leurs yeux, ou pas assez, le projet islamique, et l'appelle à revoir ses positions politiques. Ils reprochent aussi le laxisme du parti islamiste au pouvoir à l'égard de Nida Tounes, qui regrouperait, selon eux, des anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ancien parti au pouvoir).

La relation «je t'aime-moi non plus» entre Ennahdha et la LPR, laisse perplexe. C'est une relation complexe, faite d'une grande complicité, qui n'interdit pas quelques coups de gueule pour tromper la galerie. Aussi, même si elle a été un flop total, la pseudo-manifestation d'aujourd'hui aura été, tout au moins, aux yeux des deux compères, une comédie. Il fallait être vraiment idiot pour ne pas débusquer la tromperie. Si c'est du théâtre, ce serait alors vraiment du pur amateurisme.