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Les instituteurs en grève se sont rassemblés, mercredi, devant le siège de la centrale syndicale, Place Mohamed Ali à Tunis, pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail.

Par Yüsra N. M'hiri

Les instituteurs ont protesté, surtout, contre la lenteur dans la mise en place de l'accord avec le ministère de l'Education, portant notamment sur l'accélération de la publication du statut des enseignants, la fixation d'un calendrier des séances de négociations sur l'augmentation de la prime de la rentrée scolaire et les promotions professionnelles.

instituteurs ugtt 4 24 2Les instituteurs en grève donnent de la voix à la place Mohamed Ali, siège de l'Ugtt.

Grève réussie à 90%

L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) présente la grève des instituteurs comme une réussite, estimant le taux de participation à plus de 90%.

La centrale syndicale reproche au gouvernement provisoire et, surtout, au ministre de l'Education, le manque de communication et de dialogue. Les enseignants qui se sont rassemblés, aujourd'hui, à la place Mohamed Ali, n'ont pas lésiné sur les slogans «Monsieur le ministre, vous êtes lâche, vos instituteurs méritent mieux que ça!», lit-on dans une pancarte. «On ne lâchera pas, c'est au gouvernement de plier. Nous sommes plus nombreux que vous», dit un autre slogan. Ou dans un registre plus franchement politique: «Oui, on y laissera nos vies, mais Ennahdha finira par être déraciné de notre terre».

Les manifestants rappellent, par la même occasion, que «le droit de manifester est un devoir», et condamnent les violences verbales et physiques, allant jusqu'au meurtre, que la Tunisie a connus «sous le règne de la troïka», la coalition tripartite.

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Les instituteurs aussi veulent la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd. 

«On ne lâchera pas!»

Les syndicalistes ne se gênent plus de donner une dimension franchement politique à leur combat. Ils ne veulent plus, disent-ils avec conviction, «laisser le gouvernement provisoire dépasser ses limites et se montrer indulgent face à tant de violences».

Ils font ici allusion à l'agression dont le siège de l'Ugtt a été la cible, le 4 décembre dernier, de la part des membres des Ligues de protection de la révolution (LPR), des milices violentes au service d'Ennahdha.

Dans son adresse aux grévistes rassemblée à la Place Mohamed Ali, un responsable de l'Ugtt a eu une pensée pour le martyr Chokri Belaïd, en rappelant l'une de ses mots d'ordre : «On ne lâchera pas!». Une minute de silence a d'ailleurs été observée à la mémoire du défunt dirigeant de gauche qui était très proches des milieux syndicaux.

A la fin de leur rassemblement, les instituteurs grévistes se sont joints à la manifestation hebdomadaire à l'avenue Habib Bourguiba, organisée par le Front Populaire et le parti Al-Watad, pour demander aux autorités: «Qui a tu Chokri Belaïd?».