Soumaya Ghannouchi s'est attaquée aujourd'hui à la France qui, «au lieu de demander pardon pour avoir assassiné Farhat Hached, rend hommage aux héritiers du mort qui s'insurgent contre le pouvoir légitime» (sic !).
Par Imed Bahri
Cherchez le naturel, il revient au galop... Et le double langage, spécialité des dirigeants d'Ennahdha, qui tiennent des discours adaptés à chaque interlocuteur (le dirigeant occidental en visite en Tunisie rencontré devant les caméras ou l'activiste salafiste jihadiste accueilli dans quelque endroit secret!), ne tient pas longtemps sous la poussée de l'immense soif de pouvoir animant, aujourd'hui, les islamistes aux commandes en Tunisie.
La spécialiste du pied dans le plat
Chez la fille de Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha et épouse de Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères, ce «naturel» là n'a cependant pas besoin d'être chassé pour revenir au galop. Il est la marque même du personnage devenu une grande spécialiste du pied dans le plat.
Soumaya Ghannouchi, la Britannique qui déteste cordialement la France, s'est ainsi insurgée, sur sa page officielle Facebook, contre la France pour avoir rendu, aujourd'hui, un hommage posthume au syndicaliste Farhat Hached, en inaugurant une place en son nom au 13e arrondissement parisien.
Selon Soumaya Ghannouchi, ceux qui ont été invités, aujourd'hui, à l'inauguration de la place portant le nom du leader syndicaliste et fondateur de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) sont des personnes qui mettent des bâtons dans les roues du gouvernement légitime pour que le pays n'avance pas. Selon elle, la France devrait demander pardon au peuple tunisien pour avoir opprimé et assassiné des milliers de Tunisiens, dont Farhat Hached.
Et Soumaya Ghannouchi de poursuivre l'énumération de ses griefs contre la France qui, avec l'hommage rendu récemment à Bourguiba, est en train d'aider des héritiers du premier président tunisien à contrer le gouvernement légitime. Elle tient aussi rigueur à la France pour ce qu'elle considère comme un soutien àl'Ugtt, coupable à ses yeux de «multiplier les grèves pour empêcher le gouvernement de travailler» (sic!).
Un poil à gratter appelé Habib Bourguiba
Après Bourguiba, il y a quelques semaines, le maire de Paris d'origine tunisienne, Bertrand Delanoë, a inauguré mardi 30 avril au XIIIe arrondissement de la capitale française (à l'intersection de l'avenue de France et du boulevard du Général Jean Simon) la Place Farhat Hached en présence de plusieurs personnalités de France et de Tunisie.
Les personnalités tunisiennes présentes à la cérémonie et que Mme Ghannouchi Abdessalem ne porte visiblement pas dans son cœur, on citera Noureddine Hached, fils aîné de Farhat Hached, Mustapha Filali et Ahmed Ben Salah (anciens dirigeants de l'Ugtt), Houcine Abassi (actuel dirigeant de l'Ugtt), Taïeb Baccouche (ancien secrétaire général de l'Ugtt et actuel secrétaire général du parti Nida Tounes), Chawki Tabib (doyen de l'Ordre des avocats), Abdessattar Ben Moussa (président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme).
Le fait que des portraits de Chokri Belaïd, le dirigeant de gauche assassiné le 6 février dernier par des éléments islamistes probablement proches d'Ennahdha, aient été brandis à cette occasion a beaucoup énervé la Soumaya. Ainsi que les slogans scandés à l'occasion exigeant la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd et accusant ouvertement... Rached Ghannouchi d'en être le premier responsable, du moins politiquement.